Coupe de France : en attendant un stade digne de son rang, le FC Versailles rêve d’entrer dans la cour des grands

L’épopée de Versailles, en lice ce mercredi soir en quarts de finale de la Coupe de France, met un coup de projecteur sur un club amateur installé à l’ombre du château. Une proximité avec la demeure du Roi Soleil qui a ses inconvénients puisque son stade Montbauron ne peut pas être équipé de pylônes d’éclairage.

Versailles, dimanche 2 janvier. Les 16es de finale de la Coupe de France ont pu se jouer au stade Montbauron, qui ne peut néanmoins pas accueillir de match en nocturne. Impossible d'éclairer le stade à cause de sa proximité avec le château. LP/V.W.
Versailles, dimanche 2 janvier. Les 16es de finale de la Coupe de France ont pu se jouer au stade Montbauron, qui ne peut néanmoins pas accueillir de match en nocturne. Impossible d'éclairer le stade à cause de sa proximité avec le château. LP/V.W.

    C’est franchement une histoire à dormir debout. Et la scène qui se joue ce jour de décembre 2020 au château de Versailles illustre le côté cocasse de la situation. Une délégation réunissant l’Architecte des bâtiments de France (ABF), le maire de la ville et les dirigeants du club de football est postée dans la chambre du Roi Louis XIV, le regard braqué derrière des jumelles.

    Tout le monde tente de repérer quatre nacelles de couleur bleue installées au stade Montbauron, distant de 1,5 km. Le dispositif doit permettre de contrôler jusqu’à quelle hauteur quatre « pylônes virtuels d’éclairage » seraient visibles.

    À 18 m, une seule nacelle apparaît à l’horizon, la plus proche de l’entrée, côté tribune. Pas plus grosse qu’une cheminée de toit. Plutôt confiant, le maire François de Mazières se tourne vers l’architecte des bâtiments de France : « Alors, on est OK ? »

    Aucune grue ni aucun pylône ne doit dépasser la demeure du Roi Soleil

    Mais l’intéressée n’acquiesce pas, l’ABF reste intransigeante. Le château de Versailles étant classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, il doit conserver le bénéfice d’une protection visuelle. À la fois côté jardin et côté ville, et dans un périmètre de cinq kilomètres, aucun bâtiment, aucune grue ni aucun pylône ne doit dépasser la demeure du Roi Soleil au risque de la dénaturer, elle et ses abords. Caprice de monarque…

    Une explication à l’absence d’éclairage au stade Montbauron (7 500 places), l’antre du FC Versailles 78. L’enceinte inaugurée en 1961 a vu chanter Rod Stewart (en 1967) ou le record du monde (4 x 1 500 m) du quatuor français Jazy-Clausse-Bogey-Bernard (en 1961) mais le héros francilien de la Coupe de France n’a pas pu y recevoir Toulouse au tour précédent. Ce qui ne l’a pas empêché de renverser le leader de Ligue 2 au Stadium dans un match finalement inversé (0-1).

    Stade Montbauron (Versailles), le 5 février 2022. Les supporters versaillais, ici face à la réserve de Guingamp, espèrent voir leur équipe se qualifier pour les demi-finales de la Coupe de France. LP/Fred Dugit.
    Stade Montbauron (Versailles), le 5 février 2022. Les supporters versaillais, ici face à la réserve de Guingamp, espèrent voir leur équipe se qualifier pour les demi-finales de la Coupe de France. LP/Fred Dugit. LP / Fred Dugit

    Plus de trois siècles après sa mort, Louis XIV continue donc de marquer contre son camp. D’autant plus que le club, en tête de son championnat de National 2 (la 4e Division), pourrait bien jouer toutes ses rencontres à domicile en nocturne la saison prochaine. Une donnée que les nouveaux et ambitieux dirigeants ont, évidemment, prise en compte à leur arrivée, il y a un an.

    « La question du stade est mon dossier numéro un, confirme l’ancien pro Jean-Luc Arribart, nommé directeur général du club yvelinois. Aujourd’hui, on ne peut pas jouer au stade Montbauron en nocturne à cause de la proximité du château. Et les matchs de National se disputent le vendredi soir… On va reprendre les discussions avec les Architectes des bâtiments de France afin d’accélérer sur le dossier. »

    Demande de dérogation pour les soirs de match

    Pour cela, le DG sait pouvoir compter sur le soutien de la municipalité. « Le ministère de la Culture fixe les règles et il ne faut pas qu’il y ait un halo lumineux dans cette zone protégée mais selon nos calculs, à 18 m maximum et avec des pylônes visibles uniquement les soirs de matchs, c’est jouable, assure le maire (divers droite) François de Mazières. On va proposer une dérogation aux ABF en ce sens. » Autre possibilité… abaisser la pelouse de plusieurs mètres.

    D’ici à d’éventuels aménagements, Versailles va jouer ce mercredi (à l’extérieur) son quart de finale contre Bergerac (N2). Avec une réelle chance de qualification qui le placerait à un tout petit match d’une finale au Stade de France. De quoi laisser jaillir la lumière, cette fois.