« Elle ne voulait pas se réveiller » : comment Lahna, 7 ans, a sauvé sa mère, guidée au téléphone par un pompier

Le 13 juillet, cette petite fille appelait le 18 pour annoncer que sa mère venait de faire un malaise. Toutes deux ont accepté de se confier et de raconter cette journée.

    Lahna est née un 18, du mois de novembre. Ce qui lui a permis de composer sans réfléchir le numéro de téléphone des pompiers lorsqu’elle a retrouvé sa maman inanimée dans leur maison.

    L’histoire de cet incroyable sauvetage réalisé par une petite fille de seulement 7 ans a fait le tour des médias et des réseaux sociaux. La fièvre passée, la folie médiatique retombée, Lahna et Massiva ont pris le temps de revenir sur cette étonnante journée du 13 juillet où la fillette a sauvé sa mère.

    Ce jour-là, cette commerçante de 34 ans ne se sent pas bien, en proie à des vertiges, bouffées de chaleur et un état de faiblesse générale. Et lorsque, après son travail, elle retrouve son pavillon de Limay (Yvelines), elle va s’allonger directement dans sa chambre située à l’étage. Posée sur son lit, elle pianote sur son téléphone, regarde des séries…

    Sa fille est seule au rez-de-chaussée avec sa petite sœur de 4 ans. Mue par un étonnant pressentiment, elle appelle sa mère. Qui ne répond pas. Elle insiste. Silence. La fillette grimpe alors à l’étage.

    « Maman était allongée sur le ventre. Je l’ai encore appelée. Mais elle ne voulait pas se réveiller. Alors j’ai alors appelé le 18, comme elle me l’a appris et comme on l’apprend à l’école. Et puis c’est facile de retenir ce numéro car je suis née un 18 », raconte, fière de sa réaction, cette dynamique écolière.

    La mère, inconsciente, « ignore alors tout ce qui se joue »

    Autre information cruciale : elle connaît par cœur son adresse et va la transmettre immédiatement au pompier. S’ensuit alors une incroyable conversation entre l’opérateur et la petite fille, d’un calme impressionnant.

    « C’est étonnant car habituellement, elle panique vite. Là, elle a réussi à garder son sang-froid », félicite Massiva. « Est-ce que tu peux mettre ta maman sur le dos ou pas s’il te plaît ? » demande le pompier au téléphone. « Mets-la sur le dos s’il te plaît. » Elle s’exécute, sans difficulté. « C’est comme si j’avais la force d’un super-héros », se souvient-elle.

    « Est-ce que tu peux mettre ton oreille à côté de son nez et me dire s’il y a de l’air qui sort de son nez ? » poursuit le pompier, qui, lui aussi, en impose par son flegme. « Oui, il y a de l’air qui sort de son nez », lui répond-elle.

    VIDEO. « Je n’oublierai jamais cet appel », confie le pompier

    Massiva, elle, est « loin ». Elle ne sait rien de la formidable opération qui s’organise autour d’elle. « Je n’entends rien, ne vois rien. J’ignore alors tout ce qui se joue », confie-t-elle. Sur les conseils de l’opérateur téléphonique, la secouriste en herbe sort ensuite du domicile familial pour demander de l’aide aux voisins.

    Un malaise vagal

    Par chance, elle poussera la porte de la maison d’une infirmière qui prendra le relais de la petite fille. Massiva reprendra ses esprits quelques minutes plus tard, au milieu des secouristes. « J’ai su que j’avais fait un malaise vagal pour des raisons que j’ignore précisément », lâche-t-elle.

    C'est après l'arrivée des pompiers que Lahna et sa petite sœur ont craqué et se sont mises à pleurer.
    C'est après l'arrivée des pompiers que Lahna et sa petite sœur ont craqué et se sont mises à pleurer. LP/Merwane Mehadji

    Il faudra attendre l’arrivée des pompiers et l’annonce du transfert de sa mère à l’hôpital pour que Lahna craque et redevienne un enfant. Elle et sa petite sœur se mettent à pleurer. « Maman regarde beaucoup de séries comme Grey’s Anatomy et j’avais peur qu’à l’hôpital, ça se passe comme dans les séries et qu’on lui enlève l’estomac », imagine-t-elle.

    Ce n’est que quelques semaines plus tard que Massiva réalisera la portée du sauvetage de sa fille. Alors qu’elle se trouve au restaurant en compagnie d’amies, elle consulte son téléphone et tombe sur un article lui rappelant étrangement sa mésaventure : « Je l’ai lu, par curiosité, sans savoir que ça parlait de nous. Les pompiers avaient en plus diffusé l’échange entre eux et l’enfant concerné. J’ai reconnu la voix de cet enfant. C’était le mien ! Je n’étais même pas au courant. »

    « Formez tous vos enfants »

    Cette histoire a aussi ému Florian Boubet. Pompier à la caserne de Maurepas, l’homme de 28 ans est également opérateur volontaire à Versailles. C’est lui qui a décroché le téléphone au 18 ce jour-là. « Je me souviens de tout cet appel sans le réécouter, tous les détails. Je ne suis pas près de l’oublier », souligne-t-il.



    Le secouriste ajoute qu’il a eu peu d’appels de personnes si jeunes par le passé. « J’ai eu la chance d’avoir l’appel d’un enfant serein, qui prend ça presque comme un jeu. J’ai adapté mon dialogue, je prenais un ton calme, et je le félicitais à chaque geste effectué. »

    « Si j’avais un conseil à donner aux parents, ce serait : formez tous vos enfants comme celui-ci, car le danger est chez tout le monde. Si demain ça vous arrive et que vous êtes seul avec votre enfant, ce sera peut-être lui qui pourra vous sauver. »