Yvelines : la mémoire des Poilus fait recette

Lancé par les archives départementales en 2016, le projet numérique collaboratif « Adoptez un Poilu » est un succès.

 Montigny-le-Bretonneux, samedi 25 novembre. Michel Renard est l’un des contributeurs majeurs au projet numérique collaboratif « Adoptez un poilu ». Cet instituteur retraité a déjà enregistré 19 000 fiches à lui tout seul.
Montigny-le-Bretonneux, samedi 25 novembre. Michel Renard est l’un des contributeurs majeurs au projet numérique collaboratif « Adoptez un poilu ». Cet instituteur retraité a déjà enregistré 19 000 fiches à lui tout seul. LP/L.M.

    La Grande Guerre a ses petites mains. Ou plutôt ses bonnes volontés. Ils sont 200 à collaborer au projet numérique collaboratif, baptisé « Adoptez un poilu », porté depuis décembre 2016 par les archives départementales des Yvelines. L'heure est donc à un premier bilan, un an après la naissance du projet. Lancé dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre, celui-ci redonne vie aux soldats de 1914-1918 (voir encadré). Sur la base des fiches matricules, mises en ligne par les archives yvelinoises, il s'agit pour les volontaires de retranscrire dans une base de données des informations essentielles à la mémoire de ces combattants oubliés. Une fois achevée, la base recensera la mémoire des poilus de l'ex Seine-et-Oise (Yvelines, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-d'Oise).

    « C'est un vrai succès puisque nous en sommes à 82 000 fiches complétées sur les 235 000 que nous possédons », résume Mathilde Deuve, collaboratrice des archives qui aspire à une indexation complète avant novembre 2018, date des grandes commémorations de l'année prochaine.

    « Les usagers sont acteurs d'un projet qui consiste à se repérer et exploiter des données avec une démarche scientifique. Nous mettons gratuitement à disposition les fiches matricules en vue d'un accès et d'une réutilisation future », ajoute Christine Martinez, la directrice des archives.

    19 000 fiches enregistrées par un passionné

    Certains passionnés d'histoire ne comptent pas leurs heures. Parmi ces stakhanovistes, Michel Renard figure en tête. Cet instituteur retraité de Gambais accumule les soirées tardives derrière son ordinateur à compiler la vie des Poilus. « J'en ai rentré 19 000 à moi tout seul. Ma femme en a un peu marre même si nous sommes tous les deux impliqués dans ce domaine. Adoptez un Poilu, c'est passionnant. J'aime la richesse des détails recensés dans les fiches. On comprend leur parcours militaire, prénoms, métiers, villes d'origine. C'est rempli d'anecdotes que j'écris sur un cahier. Je me régale », explique cet amateur éclairé.

    Daniel Fabère et son groupe de Saint-Hilarion s'y sont aussi greffés. « Nous avons un peu agi à rebours car nous possédions déjà tous les détails concernant les 26 morts pour la France de notre village au cours de la Grande Guerre. On les a donc directement rentrés dans la base que l'on consulte fréquemment maintenant pour comparer et donner du sens à notre travail », détaille-t-il. D'ailleurs, Saint-Hilarion prévoit pour le 11 novembre 1918 une grande rétrospective autour de la mémoire de ces 26 soldats tombés pour la nation.

    La démarche a également conduit Thierry Dalifard à produire, à travers l'association Hiscrea (Histoire de Chambourcy, Retz, Aigremont) un livre sur les « Poilus d'Aigremont » vendu 10 € depuis quelques jours (sur hiscrea.free.fr ). Ce travail, d'une précision extrême et riche d'une iconographie originale, redonne chair aux 72 hommes de cette petite commune, d'alors 180 habitants, tombés au champ d'honneur.

    Adoptez un poilu, c’est facile !