Les marchés de la misère gagnent du terrain

Les camelots sont de plus en plus nombreux àla périphérie et dans certains quartiers de Paris. Les pouvoirs publics redoutent les trafics et les risques liés à ces marchés aux puces des pauvres .  

Les marchés de la misère gagnent du terrain

    Ce sont des bric-à-brac dérisoires. Des échantillons de parfum entamés, un pommeau de douche usagé, des paires de chaussettes neuves, de vieux magazines pornos et même des boîtes de conserve récupérés dans les poubelles des supérettes. Gonflés par la baisse du pouvoir d'achat, les marchés sauvages gagnent du terrain dans la capitale. Porte Montmartre, porte de Montreuil, porte de Vanvesâ?¦

    « Le développement de ces marchés sauvages est en partie lié à la crise », confirme la mairie de Paris, qui vient de mettre en place un groupe de travail sur le sujet. Illustration porte Montmartre (XVIII e ) à l'orée des puces de Clignancourt. « Les biffins qui récupèrent des objets et les revendent ont toujours existé dans le secteur. Mais ces chiffonniers étaient une centaine. Aujourd'hui, on compte chaque week-end entre 500 et 1 000 personnes », constate l'Hôtel de Ville.

    Retraités, allocataires du RMI, sans-papiers...

    Leur profil ? Des retraités qui n'arrivent pas à vivre avec leur pension, des allocataires du RMI, beaucoup de sans-papiers. Ces derniers mois, Roms et Chinois sont aussi venus grossir les rangs de ceux qui vendent de la pacotille pour quelques euros par jour. Les acheteurs ne sont pas très différents : mères de famille isolées, vieux immigrés maghrébins ou salariés pauvres. Les vendeurs à la sauvette se multiplient, y compris dans le centre de Paris. Depuis cet hiver, le terre-plein central du boulevard de la Villette (X e -XIX e ), entre Colonel-Fabien et Belleville, est investi chaque jour par quelque 300 camelots.

    Les forces de l'ordre y font régulièrement des descentes. Mais les affaires reprennent à peine ont-elles tourné les talons. « L'objectif n'est pas de verbaliser des SDF. Notre premier souci est sanitaire. Il y a un vrai problème de produits alimentaires périmés sur certains marchés », précise la préfecture de police, qui se concentre également sur les trafics de cigarettes de contrebande et les objets volés.

    La mairie de Paris annonce de son côté la création prochaine d'une centaine d'emplacements « légaux », porte Montmartre, où les biffins seront autorisés, sous certaines conditions, à vendre leurs objets de récup sans crainte de se les faire saisir. « Si cela fonctionne, nous pourrions étendre ces comptoirs de vente à d'autres marchés », envisage l'Hôtel de Ville.

    Pas sûr que ces mesures soient suffisantes. « Avec le chômage qui augmente, ces marchés n'ont pas fini de grandir », prédit un des vendeurs de la misère.