Yvelines : avec le Covid, le quotidien des bibliothèques a bien changé

La crise sanitaire a profondément bouleversé les habitudes. Celles des lecteurs mais aussi celles des bibliothécaires, qui disent voir leur métier changer en raison des contraintes. Comme ici, au Vésinet.

 Le Vésinet. Il faut désormais faire vite quand on vient emprunter des documents. Dans les bibliothèques, les temps d’échange se sont considérablement réduits.
Le Vésinet. Il faut désormais faire vite quand on vient emprunter des documents. Dans les bibliothèques, les temps d’échange se sont considérablement réduits. LP/Sébastien Birden

    Passer une partie de l'après-midi à naviguer entre les rayons de livres qu'on ouvre, qu'on feuillette et qu'on referme, cela relève maintenant du souvenir. Quand on passe la porte d'une bibliothèque en ces temps de crise sanitaire, il faut savoir faire vite. Quinze minutes maximum pour retirer ses ouvrages.

    Forcément, l'ambiance s'en ressent. En ce mercredi après-midi à la bibliothèque Marcel-Gotlib, au Vésinet, ils sont quelques-uns à sillonner les allées. Sans trop traîner. « Je me dépêche », souffle une jeune femme à la recherche de ses lectures du moment : des romans et des livres de psychologie et de sciences sociales. Une première pour elle depuis la réouverture au public.

    Avec ce regret : « c'est un endroit où on aime bien passer du temps. Et là, ce n'est pas possible ». Alors pour être efficace, et aller droit au bon ouvrage elle se « renseigne d'abord sur Internet avant de venir ».

    Venir chercher des livres, « c'est un peu de liberté »

    Au rayon bandes dessinées, Karine accompagnée de l'aîné de ses trois enfants, pioche dans les bacs. Des BD historiques notamment - elle s'y est mise pendant le confinement en découvrant la série « La Banque » - mais aussi des albums pour les enfants. Pour cette adepte, qui venait là « toutes les semaines » avant la crise, pouvoir déambuler dans la bibliothèque, ne serait-ce que quelques instants, « c'est un peu de liberté ».

    Pour le moment, la bibliothèque accueille ses abonnés jusqu'à 16 heures. Mais depuis le 13 mars dernier et la sortie record de 11 000 documents contre 7 000 en moyenne, la structure navigue un peu à vue. Il lui avait d'abord fallu rallonger les délais de prêt, stopper les relances, puis enfin mettre en place un système de drive.

    Lequel a encore été reconduit il y a quelques semaines avant la nouvelle réouverture. « On est un peu comme les commerces, on vit au rythme des annonces. Il faut s'adapter tous les deux mois, ce n'est pas évident, explique Michel Caumel, le directeur. Mais à chaque fois qu'on rouvre, on a un accueil formidable de la part des gens. »

    « C'est devenu de la manutention »

    Et il n'y a pas qu'au seul calendrier sanitaire que les bibliothécaires ont dû s'adapter. C'est tout le système d'emprunt qu'il leur a fallu revoir. « On a mis en place tout un tas de procédures sanitaires », reprend Michel Caumel, en soulignant le rôle central d'Intermedia 78 qui regroupe 50 des 70 bibliothèques des Yvelines.

    LP/S.B.
    LP/S.B. LP/Sébastien Birden

    Tous les documents empruntés rentrent ainsi par le biais d'une boîte unique. Celle-ci est mise de côté durant trois jours. Le mardi, c'est journée nettoyage. Les ouvrages sont désinfectés un à un avant d'être remis en circulation. Et tout le monde s'y met.

    « Cela fait pas mal changer notre métier, résume le directeur. Au départ, on est là pour être sympa, accueillants, donner les conseils. On fait tout pour que les gens se sentent bien mais aujourd'hui, il faut leur demander de ne pas rester trop longtemps. On ne fait presque plus que de la mise en rayon, du nettoyage. C'est devenu de la manutention. »

    Avec une lueur d'espoir tout de même : « le public est là ». La preuve encore au mois de septembre, la bibliothèque alors enregistrait une activité de 83 % par rapport à 2019, quand le Covid n'avait pas encore écrit son premier chapitre.

    LE MANGA AU TOP A MANTES, LE DVD EN FORCE AU VESINET

    « Naruto », « Fairy Tail », « Assassination Classroom », « L'Attaque des Titans »… Ces titres d'ouvrages vous disent certainement quelque chose si vous êtes branchés mangas… ou si vous vous rendez souvent dans les médiathèques de Mantes-la-Jolie. Les bandes dessinées japonaises y figurent en effet « en haut de la liste » des titres les plus empruntés en cette année 2020 marquée par la crise sanitaire… et deux confinements.

    Les bandes dessinées en général font d'ailleurs partie des livres les plus plébiscités car à Mantes, avec le classique Tom-Tom et Nana » ou encore « Max et Lili », qui fait un carton dans tout le nord des Yvelines.

    Le roman toujours (bien) là

    En dépit de données globales sur l'ensemble du département, on observe néanmoins que les romans, et notamment les polars, ont été très demandés. Comme le montre le classement des ouvrages les plus consultés sur la plate-forme numérique Versailles Grand-Parc, mise en ligne en mai dernier.

    Guillaume Musso figure parmi les auteurs les plus lus dans l’agglomération de Versailles.LP/A.J.
    Guillaume Musso figure parmi les auteurs les plus lus dans l’agglomération de Versailles.LP/A.J. LP/Sébastien Birden

    Le podium est occupé par « La Fille de Brooklyn » de Guillaume Musso (2016, XO Éditions), « Les fleurs de l'ombre », de Tatiana de Rosnay (2020, éd. Robert Laffont) et « Le Tricycle rouge », de Vincent Haury (2018, Lgf). Même remarque au Vésinet, où les prix littéraires - comme le Goncourt 2019 de Jean-Paul Dubois « Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon » - ont trouvé leur public.

    Mais parmi les livres qui ont connu un boom à la bibliothèque vésigondine Marcel-Gotlib, on note aussi des documentaires, « une nette remontée des livres pour s'occuper de soi », comme « Ces aliments qui nous rendent heureux », de Bernard Fontanille et Marie-Laurence Grezaud (éd. Michel Lafon) et les livres… de cuisine.

    Le DVD n'est pas mort

    Au Vésinet, ce sont aussi les DVD qui ont connu un retour en force, en hausse de 12 % par rapport à 2019. Avec des films pour le moins éclectiques : « Edmond », une comédie dramatique tirée d'une pièce de théâtre d'Alexis Michalik (2019), le « Joker » (2019) interprété par Joaquin Phoenix ou encore « Le Grand bain » de Gilles Lellouche (2018). Mais certains classiques ont eu aussi la cote, comme « Jeux dangereux » (To be or not to be) d'Ernst Lubitsch (1942) ou « Divorce à l'italienne » de Pietro Germi (1961).

    À Mantes et dans le nord des Yvelines, on retrouve parmi les DVD les plus empruntés le film québécois « My beautiful boy » avec Steve Carell (2018), « Charlie et la Chocolaterie » (2005) ou bien « Miss Peregrine et les enfants particuliers », de Tim Burton (2016).