Les Yvelinois viennent donner le sang... sur rendez-vous

Les stocks baissent dangereusement et l’Établissement français du sang demande aux donneurs de se mobiliser pour assurer l’approvisionnement malgré la crise sanitaire.

 Le Perray-en-Yvelines, ce mercredi. Tous les rendez-vous proposés pour des dons du sang ont été réservés par des donneurs des environs.
Le Perray-en-Yvelines, ce mercredi. Tous les rendez-vous proposés pour des dons du sang ont été réservés par des donneurs des environs. LP/MAXIME FIESCHI

    Les super-héros n'ont pas peur du coronavirus. Les super-héros, ce sont les soixante personnes qui se sont pressées ce mercredi après-midi au Perray-en-Yvelines pour donner leur sang.*

    « Tous les rendez-vous sont pris, témoignent d'une seule voix les infirmiers et médecins chargés d'accueillir les donneurs. C'est vraiment génial de voir les gens se presser aux collectes en ce moment. On en a besoin. »

    La demande en augmentation dans les hôpitaux

    Un besoin pressant même, car l'Établissement français du sang le rappelle, « en Ile-de-France, les stocks sont sous le seuil d'alerte ».

    Selon le Dr Suzanne Vanet, médecin responsable de la base de l'EFS à Versailles, « après le plus fort de la crise du Covid qui avait contraint de décaler des interventions non urgentes, l'activité médicale et chirurgicale reprend dans les établissements, ce qui fait considérablement augmenter la demande. »

    À côté de ça, les dons ne remontent pas forcément aussi vite que nécessaire. Malgré le déconfinement, de nombreux donneurs restent encore chez eux et hésitent à sortir, ce qui fait baisser la fréquentation des centres de collecte fixes ou mobiles.

    « De même, les universités restent fermées et les entreprises, dont beaucoup privilégient le télétravail, ne sont pas encore prêtes à accueillir nos collectes, précise la praticienne. Cela représente environ 25 % à 30 % des produits sanguins que nous recueillons habituellement. »

    Hausse de la demande et baisse des dons… l'effet ciseau est très net, mettant en péril l'activité hospitalière des semaines à venir, promise à une forte hausse compte tenu du nombre d'interventions qui ont été décalées pendant la crise sanitaire et qui s'accumulent désormais.

    Un dispositif de réservation en ligne

    L'EFS sonne l'alarme auprès de ses donneurs. « J'ai reçu une alerte par mail », raconte Florence, une habitante de Rambouillet qui donne occasionnellement depuis plusieurs années. Elle a cliqué sur un lien qui lui a proposé plusieurs lieux de collecte et elle a pu choisir le créneau horaire pour son don.

    Ce dispositif de réservation en ligne est une innovation due à la crise sanitaire, à fin de distanciation physique, pour éviter que les gens ne se pressent sur les sites de collecte comme cela se faisait auparavant.

    Le Perray-en-Yvelines, ce mercredi. Les donneurs répondent à un questionnaire de santé avant la prise de sang.  LP/MAXIME FIESCHI
    Le Perray-en-Yvelines, ce mercredi. Les donneurs répondent à un questionnaire de santé avant la prise de sang. LP/MAXIME FIESCHI LP/MAXIME FIESCHI

    « La réservation est d'une simplicité enfantine, résume Laure, qui a donné trois fois en un an environ. C'est même plus pratique car on sait précisément à quelle heure se présenter et on n'attend pas. Moi, ça a duré une trentaine de minutes en tout et pour tout. En comptant les petites manipulations et les gestes barrières qui se sont ajoutés à ce qu'on faisait avant. »

    « On doit sauver des gens ! »

    Les mesures de sécurisation sanitaire sont finalement assez simples. Au premier rang d'entre elles, la distanciation est aisée à assurer grâce à ces prises de rendez-vous. « Pour le reste, on distribue un masque aux gens qui n'en ont pas et on leur demande de l'enlever uniquement pour la collation après le don, explique le Dr Vanet. Le lavage des mains se fait en arrivant puis avant et après manger. »

    Les employés de l'EFS, eux, restent masqués en permanence et continuent d'assurer les gestes de désinfection inhérents à tout prélèvement, comme avant la crise.

    « Finalement, ça change assez peu, raconte Timothée, un habitant du Perray qui donne son sang depuis environ trois ans. Je crains davantage la piqûre qu'une peu probable contamination en venant donner mon sang. »

    Sandra abonde dans son sens : « J'ai donné mon sang il y a deux mois, pendant le confinement et en pleine crise de Covid-19, explique cette enseignante qui habite à Maurepas. Cela m'a semblé naturel tout comme cela me paraît absolument nécessaire aujourd'hui de répondre à l'appel de l'EFS. Il faut absolument faire remonter les stocks, on doit sauver des gens! »

    Des super-héros, on vous dit !

    40 minutes, montre en main

    * Toutes les collectes sont répertoriées sur le site de l'EFS.