Dans les Yvelines, les quartiers s’enlisent dans la violence

    De nouvelles échauffourées entre jeunes et policiers sont survenues durant la nuit dans cinq villes. Trois suspects, âgés de 15 à 18 ans, ont été arrêtés.

     Illustration. Depuis le 17 mars dernier, les incidents se multiplient dans les cités entre jeunes et forces de l’ordre sur fond de non-respect du confinement.
    Illustration. Depuis le 17 mars dernier, les incidents se multiplient dans les cités entre jeunes et forces de l’ordre sur fond de non-respect du confinement. Le Parisien/DR

    Nouvelle série de violences dans les quartiers des Yvelines. À Chanteloup-les-Vignes, Sartrouville, aux Mureaux, à La Verrière et à Mantes-la-Jolie, des échauffourées ont encore une fois éclaté durant la nuit de lundi à mardi avec les forces de l'ordre. Depuis le 17 mars dernier, les incidents se multiplient dans les cités sur fond de non-respect du confinement.

    À Chanteloup vers 20 heures, avenue de Poissy, la brigade anticriminalité (BAC) a essuyé des tirs de mortiers de feu d'artifice. « Le pare-brise et la portière de leur voiture ont été abîmés », précise une source proche de l'affaire. Les fonctionnaires ont riposté en tirant dix coups de lanceur de balle de défense et dix grenades incapacitantes puis les forces de sécurité ont mené une opération de maintien de l'ordre jusqu'à 2 heures du matin. Un adolescent de 15 ans est interpellé pour outrage mais aucun autre événement de violence n'a été relevé.

    Un bus pris pour cible

    Un second incident a éclaté à 23 h 35 sur le plateau à Sartrouville. Un feu de poubelle a été allumé sur le boulevard de Bezons, puis un second place Darwin, dont les flammes se sont propagées à deux autres. Avenue du Général-Leclerc, un groupe de dix trublions a positionné des poubelles au milieu de la route, mais lorsque les fonctionnaires sont arrivés, ils n'ont vu aucun suspect.

    À 1 heure du matin, un bus Transdev s'arrête près des policiers. Le chauffeur explique qu'il vient d'essuyer un tir de mortier de feu d'artifice. Les deux voyageurs qui se trouvent dans le bus ne sont pas blessés mais le conducteur préfère exercer son droit de retrait. À 1 h 20, un groupe tire des feux d'artifice sur les policiers qui ripostent par deux tirs de grenade et arrêtent deux suspects, âgés de 18 ans.

    Les forces de l'ordre ont également essuyé des jets de pierres dans la résidence du Bois de L'Étang à La Verrière vers 20 heures alors qu'elles intervenaient pour un rodéo à moto. À Mantes-la-Jolie, à 22 h 05 rue du docteur Godeau, une pierre, lancée sur la patrouille a cassé le rétroviseur de la voiture de police. Enfin aux Mureaux, allée Frédéric-Chopin à 2 h 50, les policiers qui réglaient un différend dans un couple ont reçu des projectiles en sortant de l'immeuble, avant de riposter avec une grenade.

    Une demande de renforts de la part des syndicats

    Du côté du syndicat de police Alliance, Julien Le Cam dénonce une situation qui devient préoccupante dans la mesure où elle touche tous les quartiers sensibles des Yvelines. « Nous attendons que la justice se montre exemplaire pour ces personnes qui attaquent la police et même les autobus en cette période de crise sanitaire », confie-t-il. Le délégué plaide aussi pour que des renforts soient allégués par le préfet de police de Paris.

    François Bersani du syndicat Unité SGP ne cache pas non plus son inquiétude. « Les forces de police sont à 50 % de leur nombre habituel et des consignes ont été passées pour éviter d'intervenir dans les quartiers autant que faire se peut. Par conséquent, il y a très peu d'interpellations, souligne-t-il. Autre facteur, les CRS et les gendarmes mobiles sont moins disponibles et ne peuvent plus rester plus de deux jours dans les cités alors qu'ils jouent un rôle important pour ramener le calme dans les quartiers aux lendemains d'échauffourées ».

    François Bersani rappelle que d'importantes violences contre la police s'étaient déjà déroulées fin octobre et début novembre et que cette période de crise sanitaire favorise « l'oisiveté et par extension la violence. » « Les adolescents ne sont pas sur les bancs de l'école et de nombreux jeunes gens ne sont plus au travail. Ils se retrouvent dans les rues », déplore-t-il avant d'attaquer la communication gouvernementale qui préfère évoquer « un bon respect du confinement que de s'occuper des incidents dans les quartiers sensibles. »

    Une source proche de la direction de la sécurité publique rappelle qu'elle prend ces événements « très aux sérieux » et met en place « des stratégies » pour ramener le calme afin d'arrêter les fauteurs de troubles dans les quartiers en lien avec le parquet de Versailles.