La mode est à la participation citoyenne, non seulement sur le plan local mais aussi sur le plan national. On l’a vu avec le grand débat national ou la Convention citoyenne pour le climat. Or il apparaît que l’organisation de ces rencontres aboutit souvent moins à changer les choses qu’à conforter le système en place.
Le fait même d’accoler un adjectif à la démocratie symbolise-t-il l’échec de celle-ci ? On peut se poser la question lorsqu’on observe les « résultats » du grand débat national ou de la Convention citoyenne pour le climat. Comme le rappellent Manon Loisel et Nicolas Rio dans leur essai Pour en finir avec la démocratie participative « seules 10 propositions [de la Convention citoyenne] seront reprises telles quelles dans la loi Climat et résilience adoptée en 2021 ». Il leur semble difficile de croire aux vertus de la démocratie participative quand sa « consécration émane d’un président se présentant lui-même comme jupitérien, adepte d’une pratique descendante du pouvoir et de la décision ».
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Selon les auteurs, on aurait tort de croire que la participation serait plus féconde sur le plan local. D’une part, parce que « le maire [...] est aussi celui qui préside le conseil municipal » et que, par conséquent, « la présidentialisation du pouvoir est bien plus forte dans nombre de collectivités ». D’autre part, à cause du rôle prépondérant joué par les lobbies : « Les négociations d’action publique ont tendance à se dérouler en dehors du jeu démocratique. » Ainsi, le développement de la démocratie participative n’est pas le signe que la démocratie se porte bien : c’est plutôt « parce qu’il y a un vide en matière de débat au sein de la production des politiques publiques que les outils de participation citoyenne connaissent un tel succès du côté des institutions ».