Rachel Khan, autrice de "Racée", et Ismaël Saidi, qui vient de publier "Comme un musulman en France", dressent un bilan alarmant de la situation identitaire dans notre pays.
Depuis des mois, les polémiques "identitaires" semblent s’enchaîner au point d’éclipser le reste. Existe-t-il ou non un "racisme systémique", ainsi qu’un "racisme d’État" ? Les minorités ethniques sont-elles racisées, c’est-à-dire victime d’un processus de racialisation ? Les réunions non-mixtes permettent-elles de lutter contre le racisme ou au contraire créent-elles une forme de ségrégation inversée ? Alors que les débats s’enchaînent sans qu’ils permettent d’y voir plus clair, Rachel Khan publie Racée (Observatoire), un livre dans laquelle elle dénonce les "mots qui séparent", c’est-à-dire, selon elle, qui renforcent le racisme, au lieu de lutter contre lui. "Femme européenne et africaine à la fois, binationale française et gambienne, juive aux origines chrétiennes et musulmanes, animiste avant l’islamisation de l’Afrique de l’Ouest, blanche et noire", l’autrice entend réunir les Français par-delà leurs religions et leurs origines ethniques.
Ismaël Saidi, réalisateur, dramaturge et scénariste de confession musulmane, partage cette ambition. Sa pièce Djihad, reconnue d’utilité publique par le ministère de l’Éducation nationale, répondait à cet objectif. Après avoir tourné dans toute la France, la Belgique et la Suisse, il nous livre son sentiment sur la situation identitaire dans Comme un musulman en France (Autrement). Marianne a réuni les deux auteurs, pour une discussion riche.
* Rachel Khan, Racée, éditions de l'Observatoire, 160 p., 16 euros
* Isamël Saidi, Comme un musulman en France, Autrement, 192 p., 15 euros