Les fracas du Proche-Orient et la fracturation de la France sont la conséquence d’un double mouvement. D’un côté, la stratégie de conquête des différents courants radicaux de l’islam qui ont petit à petit « réislamisé » les populations musulmanes au Proche-Orient mais aussi en Europe. De l’autre, une politique américaine profondément impérialiste et imprégnée de messianisme.
Être utile. Et tenir une position équilibrée au milieu des haines et de la rage, au milieu des massacres et du chaos. Emmanuel Macron est lucide. Il sait que son déplacement en Israël n’infléchira pas pour l’heure le cours des choses et que la voix de la France s’est depuis plusieurs années réduite à son poids économique, c’est-à-dire pas grand-chose. Mais il sait également que la France, avec près de 10 % de citoyens de confession musulmane et 500 000 citoyens de confession juive, est sans doute le pays le plus fragile face à ce conflit, alors même que la République aurait pu, aurait dû, l’en protéger, si elle n’avait été savamment attaquée, réduite, vidée de sa substance. Il y a seulement vingt ans, la France s’élevait contre la folie américaine de la guerre en Irak et les mensonges qui l’accompagnaient, soulevant l’enthousiasme et l’admiration d’une partie du monde qu’on appelle désormais le « Sud global ». Elle le faisait contre l’axe qui se dessinait alors entre Washington et Jérusalem et contre son propre courant atlantiste et néoconservateur. Au même moment foisonnaient à Paris les événements pour soutenir l’initiative de Genève qui dessinait un rapprochement entre Israéliens et Palestiniens. Marianne en était un des acteurs.