Après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale au soir des européennes, Macron a désormais trois semaines pour escamoter les débats, faire jouer les logiques d’appareil, torpiller ses adversaires, détruire et contempler le champ de ruines, estime Natacha Polony, directrice de la rédaction de « Marianne ».
Nul ne peut prédire quel sera le visage de l’Assemblée nationale au soir du 7 juillet. Nul ne sait si, pourquoi pas, une majorité de citoyens finira pas choisir l’ordre plutôt que le risque d’une France ingouvernable, si les sociaux-démocrates répugnés par l’alliance du Parti socialiste avec LFI empêcheront des triangulaires, si les Républicains finiront d’exploser, offrant au parti macroniste un renfort de dernière minute.
Peut-être cette séquence s’achèvera-t-elle par les commentaires enthousiastes des habituels adorateurs du « roman de la politique », qui salueront le coup de génie du stratège de l’Élysée. Peut-être. Mais cela ne changera rien au fond : Emmanuel Macron a choisi, face à une défaite cinglante, de brutaliser le pays, d’accentuer les fractures et de priver une fois de plus les électeurs d’un débat nécessaire pour trancher les grands sujets qui les divisent, le tout au risque d’une instabilité dangereuse. Que la tactique se révèle ou non payante, elle n’en demeure pas moins le résultat d’une absence totale de sens de l’État et de respect des citoyens.