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La Grande Brière refuse de mourir

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La Grande Brière refuse de mourir

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Ce sublime parc régional de la presqu'île de Guérande est menacé par toutes sortes d'envahisseurs. Tourisme de masse, intrus de l'écosystème et envasement ne sapent pas pour autant le moral des Briérons. Pour eux, la résistance au monde moderne est une lutte quotidienne. Par Elsa Dafour

Sur l'île de Fédrun, une multitude de petits embarcadères font place à la navigation pour tous les habitants. Le long des canaux, Valérie dirige son chaland de main de maître, en immergeant sa perche dans les eaux opaques. La barque glisse silencieusement, respectant la sérénité de la nature souveraine.

Enfant du pays, elle est la seule femme à mouvoir le chaland à la perche - ils ne sont plus que six sur le marais à respecter cette tradition. Les moteurs ont aujourd'hui pris le dessus. Non contents de briser la quiétude du paysage, ils menacent de polluer le marais de façon irréversible.

Valérie se souvient du temps où son grand-père bravait les eaux, jambes nues, pour y récolter les sangsues. La chasse, la pêche et l'élevage garantissaient alors le pain quotidien et les revenus des foyers. L'extraction de la tourbe permettait de chauffer les chaumières des Briérons et les bêtes paissaient les roseaux des prairies humides. La coupe du roseau et l'extraction du "noir" (débris végétaux vaseux) nourrissaient jardins et potagers et limitaient ainsi le comblement du marais. Tous y voyaient un labeur bien naturel, étant propriétaires indivis des terres. En effet, le 8 août 1462, François II, duc de Bretagne, le reconnaît dans une ordonnance et Louis XVI le confirme trois siècles plus tard. La préservation de l'environnement devient dès lors une évidence et se transmet spontanément à la descendance.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne