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Il était le Best

Il était le Best

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C'était une star du football d'avant, du monde des années 60. George Best scandalisait par son ivrognerie et ses excès en tout genre, mais il était adulé. Vincent Duluc raconte sa tragique épopée.

C'était un autre monde. Un monde où on ne revoyait pas les buts à la télé jusqu'à plus soif, mais où on racontait sans fin les actions d'un match au pub, devant un verre. On ne connaît plus George Best, star du football britannique des années 60, un héros moderne avant l'heure, déchaînant les passions, celles des spectateurs et celles des femmes. Il est mort à cause de ses excès mais survit dans les mémoires grâce à eux.

Il avait du style, devant les buts et dans ses reparties : «J'ai dépensé tout mon argent en filles, en verres et en voitures. Tout le reste je l'ai gaspillé.» Best fut le meilleur, mais dans une modeste équipe. Le Manchester United de l'époque se relevait à peine de la disparition tragique de son équipe décimée dans un accident d'avion en 1958. Il gagna peu de titres. Il fit davantage ceux des journaux à scandale qui le marquaient à la culotte, comme un défenseur besogneux suit un attaquant virevoltant.

Traqué... mais libre !

Un Best traqué, qui buvait du soir au matin et du matin au soir pour échapper à la défaite qu'il détestait. Ou peut-être à sa vie qui l'ennuyait. Sans doute à son génie qui l'encombrait. Il y eut et il y aura de plus grands joueurs que George Best mais il n'existera plus de stars aussi libres que lui. Il avait le même patronyme que le premier batteur des Beatles qui commencèrent leur carrière en même temps que lui.

Mais il ne faut pas lire le Cinquième Beatles pour découvrir la vie d'un footballeur mais pour lire le destin tragique d'un héros moderne par un auteur talentueux. En une phrase Vincent Duluc écrit la légende : «Les hommes voulaient être George Best, les femmes voulaient George Best écrit-il, la vie était bien faite : la moitié du monde, à peu de chose près, a eu ce qu'elle voulait.» Je ne sais pas si Vincent Duluc saurait faire aimer le football à un détracteur de ce sport, mais il saura faire aimer George Best à des amoureux de la littérature. Plume à la main, il est aussi déroutant et inattendu que George Best balle au pied. Les héros ont besoin d'aèdes pour écrire leur légende. George Best a trouvé le sien.

Le Cinquième Beatles de Vincent Duluc, Stock, 227 p., 18,50 €.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne