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L'aide de l'État constituera, selon l'entreprise, un « soutien solide au projet de ProLogium pour la recherche et le développement d'une nouvelle génération de batteries pour véhicules électriques ainsi que pour l'installation d'une gigafactory de 48 gigawattheures », de quoi équiper des centaines de milliers de véhicules chaque année.
L'aide de l'État constituera, selon l'entreprise, un « soutien solide au projet de ProLogium pour la recherche et le développement d'une nouvelle génération de batteries pour véhicules électriques ainsi que pour l'installation d'une gigafactory de 48 gigawattheures », de quoi équiper des centaines de milliers de véhicules chaque année.
AFP / PASCAL ROSSIGNOL

Batteries pour voitures électriques : la France va verser 1,5 milliard pour une usine taïwanaise à Dunkerque

Compétition mondiale

Par , avec AFP

Publié le

La Commission européenne a autorisé la France à subventionner à hauteur de 1,5 milliard d'euros le projet d'une entreprise taïwanaise destiné à produire des batteries pour véhicules électriques à Dunkerque (Nord). Leur fabrication est devenue un enjeu clef de souveraineté alors que la Chine domine encore le secteur.

La Commission européenne autorise l'État français à verser une subvention de 1,5 milliard d'euros au fabricant taïwanais ProLogium pour installer sa première usine de batteries pour véhicules électriques en Europe à Dunkerque (Nord). L'aide de l'État constituera, selon l'entreprise, un « soutien solide au projet de ProLogium pour la recherche et le développement d'une nouvelle génération de batteries pour véhicules électriques ainsi que pour l'installation d'une gigafactory de 48 gigawattheures », de quoi équiper des centaines de milliers de véhicules chaque année. Le groupe recevra la subvention « en fonction des jalons d'investissement de l'entreprise », a précisé le ministère de l'Économie. La Commission européenne a approuvé cette subvention en vertu de l'encadrement européen des aides d'État à la recherche, au développement et à l'innovation (RDIF), a indiqué ProLogium dans un communiqué. L'investissement total prévu est de 5,2 milliards d'euros, avec à la clef 3 000 emplois dans l'usine et 12 000, indirects, pour le territoire.

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La fabrication des batteries pour voitures électriques est devenue un enjeu clef de souveraineté, et les produire sur son sol est désormais érigé en priorité en Europe et en Amérique du Nord, alors que la Chine domine encore le secteur. « Cet investissement montre le succès de la stratégie de rattrapage de la France sur les batteries : cette usine produira une des technologies les plus avancées au monde », s'est félicité le ministère de l'Économie. Selon lui, « cela montre que la France peut être compétitive » face à l'Inflation Reduction Act (IRA) américain, vaste plan de subventions pour l'industrie verte et la transition énergétique. Et ce, « grâce à un marché du véhicule électrique qui décolle vite et grâce à des subventions importantes qui sont rapidement mises en œuvre ».

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Dunkerque doit également accueillir l'usine de la start-up française Verkor. La première usine de batteries française a été ouverte fin mai par Stellantis, Total et Mercedes à Billy-Berclau (Pas-de-Calais), tandis que Renault doit ouvrir la sienne à Douvrin (Nord) avec le chinois Envision. Le projet dunkerquois contribuera à « promouvoir une chaîne de valeur innovante des batteries pour véhicules électriques en Europe, tout en limitant les éventuelles distorsions de concurrence », a souligné Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence.

Bataille mondiale

Le groupe taïwanais fait le pari des batteries à électrolyte solide, une solution prometteuse en termes de performance et de sécurité, mais dont la production n'est pas totalement maîtrisée. La première ligne de démonstration à grande échelle de ProLogium doit entrer en fonction fin 2023 à Taoyuan, à Taïwan. ProLogium s'est engagée à partager activement le savoir-faire technique acquis dans le cadre de son projet français avec l'industrie et le monde universitaire, précise la Commission européenne. Par ailleurs, si le projet se révèle être une grande réussite et dégage des revenus nets supplémentaires, le bénéficiaire « remboursera à la France une partie de l'aide reçue dans le cadre d'un mécanisme de récupération », selon la Commission.

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ProLogium doit lancer en septembre une concertation publique autour du projet dunkerquois. La construction de l'usine devrait débuter au second semestre 2024, pour un lancement de la production estimé à la fin de l'année 2026. L'établissement sera situé non loin de l'usine de batteries de Stellantis, inaugurée fin mai, mais aussi de celles de Renault et Verkor. ProLogium a également indiqué qu'il recherchait un emplacement pour son centre de recherche et développement. La bataille mondiale fait rage autour de la fabrication de batteries. En Amérique du Nord, Stellantis a ainsi négocié durement des subventions du gouvernement canadien pour son usine de l'Ontario, tandis que les États-Unis vont prêter près de 10 milliards de dollars à Ford pour la construction de trois usines de batteries.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne