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En Nouvelle-Calédonie, le Président du gouvernement, Louis Mapou, appelle tous les habitants à se mobiliser en se faisant vacciner.
En Nouvelle-Calédonie, le Président du gouvernement, Louis Mapou, appelle tous les habitants à se mobiliser en se faisant vacciner.
Hans Lucas via AFP

Nouvelle-Calédonie : un premier mort du Covid, l’heure du désenchantement

Fin de l'exception

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Vendredi 10 septembre, la Nouvelle-Calédonie a recensé son tout premier décès lié au Covid-19, a annoncé le président du gouvernement, Louis Mapou. Ce dernier a mis en garde contre une « crise sans précédent » sur le territoire qui faisait figure d’exception en France et dans le monde.

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, à l’automne 2019, la Nouvelle-Calédonie pouvait se targuer d’être un territoire sans le moindre décès. Presque deux ans plus tard, l’exception n’est malheureusement plus de mise. Vendredi 10 septembre, une femme âgée de 75 ans et pensionnaire d'un Ehpad est morte des suites du virus. Elle était hospitalisée depuis plusieurs jours. Il s’agit du tout premier décès sur le sol calédonien. De plus, 117 cas autochtones confirmés ont été répertoriés ce vendredi et une vingtaine de « clusters actifs » ont été identifiés.

Le décès a été annoncé par le président du gouvernement Louis Mapou (indépendantiste) lors d’une allocution solennelle dans laquelle il a invité la population « à la mobilisation ». « Nous faisons face à une crise sans précédent », a-t-il affirmé, tout en appelant les Calédoniens à se tourner vers les vaccins. Pour l’instant, 30 % seulement de la population est entièrement vaccinée, c’est-à-dire 71 000 personnes (sur 271 000 au total). Toutefois, depuis l’apparition des cas autochtones, les Calédoniens se ruent sur les vaccinodromes disséminés partout sur le territoire. Jeudi 9 septembre, « 5 000 personnes se sont fait vacciner. C’est très encourageant et nous sommes sur la bonne voie. Mais ce n'est pas encore suffisant », juge encore Louis Mapou. En outre, la Nouvelle-Calédonie souffre d’un manque criant de personnel médical, notamment en raison des restrictions d’accès au territoire. Pour juguler coûte que coûte l’avancée du virus, les autorités ont mis en place tout un panel de mesures drastiques dernièrement.

La vaccination obligatoire, dès 18 ans

Tout d’abord, l’obligation vaccinale, qui faisait consensus au sein de la classe politique, a été votée par le congrès de la Nouvelle-Calédonie début septembre. La vaccination s’applique pour tous les majeurs, touristes y compris. La plupart des Calédoniens ont jusqu’au 31 décembre 2021 pour se faire vacciner mais aucune sanction n’est prévue pour cette majorité.

D’après le texte paru au Journal officiel de Nouvelle-Calédonie, ceux qui occupent des professions de première ligne, à savoir le personnel aéroportuaire, les professionnels de santé et les agents administratifs, s’exposent néanmoins à une amende de 175 000 francs pacifique (1 449,00 euros). Pour eux, le délai pour se faire vacciner est plus court : au 31 octobre, leur schéma vaccinal doit être complet.

Sas sanitaire et état d'urgence prolongé

En mars 2020, le territoire avait aussi mis en place un sis sanitaire très strict. Tout arrivant se doit d’effectuer une quarantaine dans un hôtel réquisitionné. Quant à la desserte aérienne, elle a été réduite fortement, avec des arrivées de passagers limitées à un vol hebdomadaire en provenance de Paris et un en provenance de Wallis et Futuna.

L’état d’urgence a été prorogé par l’Assemblée nationale jusqu’au 15 novembre, (comme dans la grande majorité des territoires ultramarins). Le Sénat, qui devait se prononcer jeudi, n’a pas modifié le texte. En vertu de celui-ci, l’exécutif pourra mettre en place des couvre-feux, réquisitionner tout établissement de santé ou établissement médico-social qui lui semblerait nécessaire ou instaurer de nouveaux confinements, comme celui qui est entré en vigueur le 7 septembre, pour une durée de 15 jours.

De son côté, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, qui doit se rendre le mois prochain dans l'archipel, a assuré ce vendredi sur Nouvelle-Calédonie la 1ère que « des centaines de milliers de tests, plusieurs millions de masques et des concentrateurs à oxygène » seront envoyés depuis la métropole, au nom de la « solidarité nationale, qui a été demandée ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne