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Et s'il avait raison ?

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Et s'il avait raison ?

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En aidant l'armée syrienne à reprendre Palmyre à Daech, la Russie de Vladimir Poutine confirme le rôle majeur qu'elle joue dans le conflit syrien. De quoi embarrasser tous ceux qui jugeaient le "tsar" infréquentable.

Dimanche 27 mars, Russia Today, la chaîne publique moscovite proche du Kremlin, annonce officiellement la libération de ce qui fut la perle du désert syrien. Le bandeau défile en bas de l'écran. «Breaking news : Palmyre libéré de Daech par l'armée syrienne». Aucune autre chaîne occidentale n'a encore relayé l'information. Peu de temps après, celle-ci est largement traitée par les journaux russes. En illustration de cette libération à haute charge symbolique, peu d'images, et surtout du commentaire, décrivant la joie des populations civiles. Quelques travellings, filmés par drone sur les temples dévastés par Daech, des courtes séquences montrant des soldats de l'armée régulière tirant contre Daech et un long zoom sur un soldat syrien agitant le drapeau du régime devant les ruines d'un temple. Normal : dans la Russie de Poutine, l'actualité internationale, surtout quand elle comporte une charge symbolique, s'invite régulièrement dans les journaux télévisés. Comme l'écrit Jean-Robert Jouanny dans son essai Que veut Poutine (1) : «Dans la Russie postsoviétique, la géopolitique joue désormais le même rôle mobilisateur que celui dévolu à l'idéologie au temps de l'URSS.»

L'avant-veille de cette annonce, à la résidence parisienne de l'ambassadeur de Belgique, dans le magnifique hôtel particulier de la rue de Surène, non loin de la Madeleine, se tient le lancement très chic de Transitions démocratiques, un livre conçu sous l'égide de la fondation Idea (2), présidée par l'ex-Premier ministre belge Yves Leterme. Un événement tenu en mode mineur, après les attentats de Bruxelles, mais qui n'a pas été annulé «en raison de sa résonance avec l'actualité». Tous les regards sont tournés non pas vers Cécile Duflot, qui donne l'impression d'être entrée parce qu'elle a vu de la lumière, mais vers Bassma Kodmani, cofondatrice du Conseil national syrien et négociatrice pour les pourparlers de paix à Genève sur la Syrie, qui confie ses espoirs de changements dans son pays : «Une sortie acceptable pour tous, sans Bachar al-Assad ni Daech, en évitant les erreurs commises en Irak [la dissolution de l'armée qui a renforcé Daech] et en Bosnie [les accords de Dayton, imposés de l'extérieur].» «Les Russes sont pour une solution négociée», lâche-t-elle. Une manière élégante de répondre au «modérateur», l'essayiste libéral Nicolas Tenzer qui, cramponné à la ligne Fabius comme une moule à son rocher, a qualifié auparavant Poutine de «dictateur».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne