Scandale outre-Manche : dans les années 90 et 2000, la gauche radicale a été noyautée par la police de Sa Très Gracieuse Majesté. Les aveux de ces agents provocateurs ont révélé les pratiques obscures du renseignement britannique.
Pour Scotland Yard, qui a toujours cultivé l'image d'une police civique et moralement exemplaire, l'affaire des policiers infiltrés est pire que le plus épais des smogs. Tout a commencé le 21 octobre 2010, sur le site «alternatif» d'informations Indymedia. Sous le titre fracassant : «Mark Stone/Kennedy démasqué comme officier de police infiltré», un communiqué alertait les milieux libertaires, écoactivistes et altermondialistes de l'île de l'existence d'une taupe en leur sein : «Figure connue des activistes de Nottingham, très impliqué dans divers groupes de défense de l'environnement, des droits des animaux, anticapitalistes et antifascistes, Mark Stone a été un policier infiltré depuis l'an 2000 et au moins jusqu'à la fin de 2009. Son vrai nom est Mark Kennedy. Des recherches sur son identité ont prouvé qu'il était officier de police, et une confession en face-à-face l'a confirmé. [...] Faites s'il vous plaît passer l'information à toute personne ayant pu avoir été en contact avec Mark au cours de la dernière décennie, en Grande-Bretagne et à l'étranger.»
Relayée aussitôt par la presse britannique, le Guardian en tête, l'information fit rapidement boule de neige. Aux ex-amis de Mark Stone, se joignirent d'autres militants, confrontés à des cas similaires. De fil en aiguille, de recoupement en recoupement, en moins d'un an, sept ex-limiers infiltrés, parmi lesquels une femme, furent identifiés et certaines de leurs turpitudes, exposées en place publique. Face à ces révélations, une poignée de James Bond retraités durent sortir du bois et faire leur mea culpa, révélant au passage quelques détails sur leurs missions, mais aussi leurs problèmes de conscience. Ce déballage inédit dans le monde hermétiquement fermé du renseignement est à l'origine d'un énorme scandale outre-Manche.
