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Malgré la fermeture des bars, les Français consomment encore plus d'alcool.
Malgré la fermeture des bars, les Français consomment encore plus d'alcool.
© GEORGES GOBET / AFP

Les Français boivent plus souvent depuis le début de l'épidémie : le Covid, meilleur ami des cavistes

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Avec la fermeture des bars, terrasses et restaurants les occasions de boire un coup se font rares. Pour autant, des études montrent que la consommation d'alcool augmente depuis un an. Analyse de cette évolution avec des cavistes en première ligne.

Le Covid aura fait des ravages pour les commerçants. Bars, terrasses et autres restaurants étant fermés, les Français ont moins d'occasions de se retrouver autour d'un verre. Pour autant, la consommation générale est en augmentation. C'est notamment ce que montre l’enquête Coviprev de Santé publique France, réalisée en plusieurs vagues depuis le début du confinement. La dernière, mise à jour ce 1er avril, montre que 51 % des sondés déclarent avoir augmenté leur fréquence de consommation depuis le début de l'épidémie de Covid-19, 10 % le nombre de verres bus et 23 % les deux. Si l'alcool, est toujours à consommer avec modération, cette augmentation fait des heureux : les cavistes, rideau levé, à l'inverse des bars et des restaurants.

Les vendeurs d'alcool ont eu du bol. Lors de l'annonce du premier confinement, le 14 mars 2020, les cavistes étaient supposés baisser le rideau. Mais le lendemain, un arrêté leur indiquait le contraire. Logiquement, la profession a « clairement bénéficié de la fermeture des restaurants » affirme Thomas Perlmutter, patron de la Cave de Belleville dans le 19e arrondissement de la capitale. « On a senti que les gens voulaient se lâcher, qu'ils en ont besoin. »

Constat identique pour Théo Tissot, caviste du Vin Vert. « Sur le premier mois, on a observé un effet de peur. Les clients voulaient faire des stocks vu que la durée du confinement n'était pas certaine. » Ainsi, le commerçant explique avoir vendu beaucoup plus de cubis et de caisses de vin. Pour le caviste d'un commerce situé dans un prestigieux centre commercial de la capitale « le mois de décembre 2020 était encore meilleur que le reste de l'année, les gens voulaient se faire plaisir. J'ai vendu plus de belles bouteilles que d'habitude ».

Décembre tous les mois

Comme l'explique ce caviste resté anonyme, les Français ont certes plus acheté d'alcool mais aussi des bouteilles de meilleure qualité. « On observe une petite hausse de volume mais surtout sur la qualité » se félicite Alexandre Gauche, caviste du Nicolas de Neuilly-sur-Seine (92). Ce dernier note une augmentation de 7 euros sur un an du panier. « Avant le Covid, la moyenne était vers les 35 euros, aujourd'hui ça ne descend plus en dessous des 40 » détaille-t-il.

« C'est un peu décembre tous les mois, les gens se font plaisir et prennent plus facilement des cartons de 6 contre 2 à 4 bouteilles auparavant. » D'ailleurs, pour Alexandre Gauche, ce succès n'était pas écrit. « Nous sommes dans un quartier avec beaucoup d'entreprises, de fait nous avons perdu tous les cadeaux qui se font aux clients, mais même sans cela, les ventes sont impressionnantes » affirme le caviste.

Proximité

Pourtant, les caves ne sont pas les seuls commerces à vendre de l'alcool. Mais il semblerait que beaucoup aient privilégié cette option aux grandes surfaces. Pour le gérant du Vin Vert, cette situation s'explique par la proximité. « Dans nos commerces, l'avantage repose sur le temps que l'on prend pour les orienter, les discussions avec eux, comme chez le boulanger du coin, des liens se créent. »

Une situation possible pendant le premier confinement qui s'est compliquée avec les mesures de couvre-feu. « Nous sommes passés d'une ouverture normale avec des horaires restreints. Les clients aussi devaient jongler entre leurs achats, le travail et le retour à la maison » explique le caviste.

Démocratisation

Au Vin Vert, Théo Tissot a observé une nouvelle clientèle. « Le quartier a vu emménager pas mal de jeunes, ils ont une envie de découvrir de nouvelles choses et représentent une plus grande part qu'avant. » Bien que ce cas soit particulier, la démocratisation des caves est l'une des grandes tendances observées par le géant des cavistes français, Nicolas.

« Historiquement, le vin et les cavistes sont vus comme élitistes mais les digues ont sauté. On observe plus de jeunes et aussi plus de femmes, la tendance est flagrante, les cavistes deviennent un commerce comme un autre » affirme Christopher Hermelin, responsable de la communication de l'entreprise. Ce dernier aurait observé un rajeunissement d'une moyenne de trois ans pour les clients ainsi qu'un rééquilibrage homme femme. « Avant, la part de clientes était d'environ 40 %, depuis un an elle a pris 5 %. »

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne