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Isabeau de Bavière, la mère qui renie son fils

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Isabeau de Bavière, la mère qui renie son fils

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Sans doute l'un des personnages les plus controversés de l'histoire. Nous sommes au début du XVe siècle et la guerre civile fait rage au royaume des lys. D'un côté, le parti armagnac ; de l'autre, le parti bourguignon. Au centre, en position d'arbitre, la reine Isabeau de Bavière, épouse du roi Charles, frappé de démence. Présentée comme un personnage dénué de scrupules et de moralité, la Bavaroise a pu bénéficier, un moment, de circonstances atténuantes. Femme d'un roi fou et régente, elle tente au mieux de gérer la situation pour préserver la continuité dynastique, basculant d'un camp à l'autre. A la mort de son beau-frère, Louis d'Orléans, assassiné par un cousin jaloux de son talent et de son pouvoir, le duc de Bourgogne Jean Sans Peur, elle se trouve impliquée dans les malheurs qui frappent la France pour aboutir au désastre d'Azincourt. Au pire de la tourmente, ralliée au Bourguignon, elle est confrontée à l'assassinat de ce dernier par Tanguy du Châtel, fidèle de Louis d'Orléans et mentor du Dauphin, futur Charles VII, le 19 octobre 1420. Obligée de condamner son fils pour l'attentat de Montereau, elle pousse alors l'infamie jusqu'à mettre en doute la paternité de Charles VI en s'accusant implicitement d'adultère. C'est en effet la formule "soi-disant Dauphin", par elle avalisée pour délégitimer l'héritier du trône, qui constitue la clé de voûte du traité de Troyes, signé le 21 mai 1420, par lequel l'Anglais Henri V de Lancastre (descendant, par les femmes, du capétien Philippe le Bel) fusionne sur sa descendance les deux couronnes de France et d'Angleterre en se mariant à Catherine de Valois, fille de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Que l'Eglise, le Parlement et l'Université de Paris aient accepté cette forfaiture légale, morale et sociale, au détriment de toutes les valeurs de la civilisation, montre le degré de décrépitude politique dans laquelle se trouve la France de l'époque. A moins, évidemment, qu'Isabeau n'ait dit vrai. Même si l'enjeu d'alors est davantage familial que national - il s'agit toujours de la rivalité entre deux branches de la dynastie capétienne, les Valois à Paris et les Plantagenêt à Londres -, il faut attendre la tragédie de 1940 pour retrouver pareille félonie. C'est précisément ce qui suit.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne