C'est l'une des rares vertus de la crise : elle a révélé que les économistes et les journalistes, c'est-à-dire ceux-là mêmes qui avaient vocation à parler le plus souvent des sujets touchant à la finance, à l'origine de ces turbulences, étaient également ceux qui avaient été les plus contaminés par elle. Ceux qui étaient le plus souvent en conflit d'intérêts et donc parfois les plus mal placés pour analyser de manière lucide et honnête ce séisme historique.
Dans ces systèmes de «corruption douce» - la formule est du prix Nobel d'économie Paul Krugman -, il n'y a, certes, rien de nouveau : il suffit de se replonger dans Splendeurs et misères des courtisanes, pour comprendre que les travers de la France sous la monarchie de Juillet décrits par Balzac sont aujourd'hui toujours à l'oeuvre. Dans ces systèmes de connivence, il n'y a, non plus, rien de spécifiquement français : le documentaire Inside Job a remarquablement montré à quel point quelques-uns des économistes les plus connus aux Etats-Unis figuraient parmi ceux qui étaient les plus sous l'influence de la finance.