En mettant en lumière les épreuves, réelles, traversées par la population allemande à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Ingrid Brunstein opère un renversement historique ambigu.
La souffrance endurée pendant la Seconde Guerre mondiale par les enfants allemands suscite, outre-Rhin, un net regain d'intérêt. Fort bien écrit, le témoignage d'Ingrid Brunstein illustre le calvaire que des millions d'entre eux vécurent dans les caves et les abris antiaériens du Reich, entre faim, peur et mort omniprésentes. Pendant la reconstruction, la plupart furent ensuite confrontés au silence de leurs parents : ex-colonel de la Wehrmacht ruiné comme sa patrie, le père de l'historienne parviendra à se hisser jusqu'aux sommets du capitalisme rhénan, sans jamais dévoiler l'origine de ses cauchemars récurrents ou l'étendue de son attachement à Hitler.