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Jean Castex
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QUENTIN DE GROEVE / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Jean Castex annonce la vaccination pour la dernière semaine de décembre, devant une Assemblée à moitié vide

Covid-19​​​​​​

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Le Premier ministre et le ministre de la Santé ont apporté de nouveaux détails quant à la stratégie de vaccination devant un hémicycle presque vide. Celle-ci pourrait débuter dès la fin de l'année "si les conditions sont réunies".

De débat, il n'en a eu que le nom. Ce mercredi 16 décembre, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran ont détaillé la stratégie de vaccination devant l'Assemblée nationale."Les questions sont nombreuses chez nos concitoyens. L’arrivée des vaccins justifie que la représentation nationale puisse en connaître le contenu et en débattre en amont de son déploiement", a insisté Jean Castex en ouverture de son discours.

Mais à la fin, pas de vote. Les députés avaient seulement la possibilité de s'exprimer oralement. Et pour cause : le débat a été conduit dans le cadre de l'article 50-1 de la Constitution qui permet au gouvernement de faire une déclaration donnant lieu à un débat pouvant, sans engager sa responsabilité. Un procédé critiqué par quelques députés à la tribune, notamment par l'Insoumis Adrien Quatennens. "Nous déplorons qu’une nouvelle fois le parlement ne soit pas associé. ".

C'est donc devant un hémicycle quasi vide que les deux membres du gouvernement se sont exprimés pendant près d'une heure. La vaccination débutera "dès la dernière semaine de décembre", "si les conditions sont réunies", a déclaré Jean Castex, en précisant que les populations non prioritaires attendront "la fin du printemps". Le coup d'envoi de la campagne serait conditionné par l'autorisation de mise sur le marché de l'Agence européenne du médicament "attendue pour le 21 décembre et à un avis de la Haute autorité de santé qui doit être rendu dans la foulée". Les produits de Pfizer te BioNtech ainsi que de Moderna sont pour l'instant privilégiés par la France, parce que ce sont les premiers à être prêts.

Rétablir la confiance

Au total, 200 millions de doses seront livrées en France, soit une quantité prévue pour 100 millions de personnes "car deux injections sont nécessaires", a rappelé le Premier ministre. "À terme, chacun devra pouvoir se faire vacciner par un professionnel de santé près de chez lui et en qui il a confiance", a insisté le Premier ministre, avant d'ajouter qu'"aucune vaccination y compris dans les établissements n'aura lieu sans que le consentement éclairé ait pu être exprimé".

La première phase concernant les personnes à risques "s’échelonnera sur une période de six à huit semaines, pour tenir compte du délai de 21 jours entre la première vaccination et le rappel", a-t-il énoncé. Rappelant les préconisations de la Haute autorité de Santé en termes de hiérarchie des publics à vacciner en priorité, Jean Castex a redit que dans un second temps, la vaccination sera proposée à "près de 14 millions de personnes présentant un facteur de risque lié à l’âge ou une pathologie chronique" ainsi qu'à "certains professionnels de santé". Pour conclure, le Premier ministre a rappelé que si la vaccination est porteuse d'espoir, elle ne pourra pas stopper immédiatement l'épidémie. "Il nous faut être patients, prudents et confiants. Face à la peur, face au doute, nous expliquerons, nous rassurerons. Transparence totale, vigilance absolue, détermination sans faille de nos maîtres mots".

Dans un style plus direct, Olivier Véran, s'est voulu rassurant : "La science est fantastique, et plutôt que d’en douter nous devrions nous en féliciter et même la célébrer", a lancé le ministre avant d'être brièvement applaudi par les quelques députés de la majorité présents dans l'hémicycle. "Elle obéit à une rigueur à des protocoles de recherches stricts". Plusieurs récents sondages rapportaient que près d'un Français sur deux n'envisageait pas de se faire vacciner contre le Covid-19.

Après eux se sont succédé quelques prises de paroles de groupe d'opposition, qui ont pour la plupart fustigé le "manque de transparence" et la "gestion brouillonne" de la crise. Tous ont appelé à éviter de reproduire les mêmes erreurs que sur les masques au printemps. Le socialiste Gérard Leseul a critiqué la "multiplication des cellules, organismes et conseils qui opacifie la prise de décision en matière vaccinale". Il a notamment demandé a ce que soit faite "une déclaration obligatoire des intérêts privés des personnes concernées et actives dans les différents comités associés à la stratégie vaccinale". Valérie Six (UDI) a demandé de "faire confiance aux territoires" et aux élus locaux pour une "déclinaison territoriale de la stratégie vaccinale". Un grief partagé par le parti communiste. "La défiance est aussi le résultat d’une gestion verticale et parfois infantilisante de la part de l’exécutif mettant de côté les corps intermédiaires, les élus locaux comme le pouvoir législatif", a relevé chef des députés communistes André Chassaigne.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne