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CHU de Rennes : le neurochirurgien accusé de harcèlement vient d’être suspendu

Le CHU de Rennes
Le CHU de Rennes © DAMIEN MEYER / AFP
Anne Jouan , Mis à jour le

INFO PARIS MATCH. L’ancien chef de service, le Pr Xavier Morandi vient d’être suspendu par le CHU et la faculté. Autrement dit, il ne pourra plus ni opérer ni enseigner. Il passera également devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins.

En arrêt maladie depuis octobre, le neurochirurgien devait revenir ces jours-ci. Mais la direction du CHU et la présidence de l’université en ont décidé autrement : alors que de nombreux témoignages mettent en cause son management brutal, Jean-Yves Gauvrit, le président de la commission médicale d’établissement (CME) a annoncé cet après-midi la suspension provisoire du Pr Xavier Morandi à titre conservatoire. Il a précisé que « toutes les conditions d’un retour en toute sérénité ne sont pas réunies », il a rappelé la présomption d’innocence… tout en se plaignant des lenteurs de la justice.

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Il y a un an, le CHU avait fait un signalement au procureur de la République pour harcèlement moral et sexuel concernant Xavier Morandi et son successeur à la chefferie de service, le Pr Marco Corniola. Ce dernier a démissionné cet hiver et quitté le CHU. En octobre, l’intersyndicale des internes avait déposé plainte à l’encontre de ces deux praticiens, toujours pour les mêmes faits. Une enquête préliminaire est actuellement en cours à Rennes et des témoins ont été entendus. Ils dénoncent les brimades, humiliations, le harcèlement moral et sexuel comme neuf d’entre eux l’avaient raconté à visage découvert dans Paris Match début janvier. Contacté par Paris Match, Xavier Morandi n’a pas répondu. Cet hiver, son avocat avait dénoncé « un procès médiatique », précisant que son client « conteste fermement » les faits qui lui sont reprochés.

Paris Match poursuivi en justice

Si la direction de l’hôpital a voulu être proactive avec son signalement d’il y a un an c’est qu’elle n’a cessé d’être alertée sur les problèmes de management dans ce service depuis des années. Depuis 2013, 17 neurochirurgiens ont quitté leur poste. Le Pr Morandi devait donc revenir d’arrêt maladie le 22 mai mais la grande majorité des anesthésistes-réanimateurs avait anticipé son retour avec cette annonce fracassante et inédite dans le monde hospitalier : ils refuseraient d’endormir (sauf urgences) ses malades au bloc. Le 6 mai, ils avaient adressé une lettre à la directrice générale de l’hôpital pour lui annoncer qu’ils feraient valoir leur droit de retrait.

Enfin, suite à l’article de Paris Match de début janvier, les Pr Corniola et Morandini ont attaqué les neuf soignants qui ont dénoncé leur comportement dans nos colonnes auprès des instances ordinales. Plusieurs d’entre eux ont déjà reçu la décision de l’Ordre qui a choisi de ne pas les poursuivre. En revanche, c’est le Pr Morandi qui passera en chambre disciplinaire suite à la plainte de l’un d’entre eux pour atteinte aux « principes de moralité et de probité », « déconsidération de la profession », et pour avoir « forcé un interne à rédiger un courrier apportant de fausses assertions ». L’arroseur arrosé, en somme.

Quant à Paris Match, le journal est poursuivi par les Pr Morandi et Corniola pour atteinte à la présomption d’innocence suite aux articles de début janvier et février. Rendez-vous le 12 juin à 9 heures au tribunal de Rennes.

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