A Fukushima, un robot va collecter des débris nucléaires au coeur d'un réacteur accidenté
Cruciale pour la décontamination de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon), le retrait du combustible des réacteurs accidentés va être testé avec un robot spécialement conçu. D'une durée de plusieurs semaines, l'opération fait partie d'un processus plus global qui doit encore durer plusieurs dizaines d'années.
C’est une mission importante qu'il est inconcevable de confier à être humain. Tokyo Electric Power Company (Tepco), l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) a indiqué lundi 19 août qu’il s’apprête à envoyer un robot au cœur de cette dernière pour collecter des débris nucléaires. Depuis le tsunami du 11 mars 2011, qui a provoqué la fusion du cœur de trois réacteurs, près de 880 tonnes de débris radioactifs sont présents sur le site.
Présenté en mai dernier, l’engin a été développé au chantier naval du groupe Mitsubishi Heavy Industries à Kobe (Japon). Il prend la forme d’une pince de haute précision qui sera descendue le long d’un tuyau télescopique. Lors d’un test public, le robot avait été capable de récolter 3 grammes de matières solides puis de les ramener en sécurité. Reste maintenant à recommencer la manœuvre dans l’environnement particulièrement hostile de Fukushima.
Depuis 20215, de nombreux robots ont été rendus inopérants par les radiations. La nouvelle machine de Tepco doit pénétrer dans le réacteur 2, le plus touché lors de l’accident nucléaire, avec des fuites radioactives au niveau de l’enceinte de confinement.
Une opération décisive pour la décontamination de la centrale de Fukushima
«Nous pensons que le prochain test d’élimination des débris de combustible de l’unité deux est une étape extrêmement importante pour mener à bien les futurs travaux de déclassement, avait indiqué en mai dernier Yusuke Nakagawa, responsable du groupe Tepco pour le programme de récupération des débris de combustible dans une allocution rapportée par Associated Press. Il est important de procéder au test du retrait de manière sûre et régulière.» Selon le programme prévu, l’engin doit mettre une semaine pour atteindre la zone de collecte des déchets, puis encore plusieurs semaines pour collecter et ramener l’échantillon du combustible du réacteur.
Le résultat de l’opération conditionnera le projet global de décontamination de la centrale mené depuis plusieurs années par Tepco. Elle devrait permettre d’étudier le combustible pour mettre en œuvre sa procédure de retrait. L’opérateur s’est déjà appuyé sur des robots et des drones pour mesurer l’ampleur des dégâts dans des zones mortelles pour les humains puis cartographier le site. En 2021, Veolia Nuclear Solutions avait envoyé dans ce but un bras métallique baptisé Boom et long de 21 mètres.
En 2024, les millions de litres d’eau de mer contaminés qui avaient servi à refroidir les réacteurs accidentés ont commencé à être rejeté dans l’océan Pacifique. Une mesure validée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et par l'agence atomique de l'ONU. Selon le calendrier officiel définit par Tepco, le retrait du combustible doit être achevé d’ici 2031. Restera ensuite «30 à 40 ans» de travail pour décontaminer totalement le site.
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