Le régime hyperprotéiné a fait son apparition dans les années 60, aux États-Unis. Son grand principe ? Accélérer la perte de poids en augmentant l’apport en protéines tout en réduisant, de la même manière que pour un régime hypocalorique, les sucres et les graisses. Un déséquilibre qui n'est, normalement, accordé qu'aux sportifs de haut niveau, pendant une période courte, et toujours sous un étroit contrôle médical avec des professionnels de la diététique.

Certes, l'apport calorique très bas permet de perdre rapidement du poids tout en ayant une sensation satiété. Mais qui dit perte de poids rapide et déséquilibre alimentaire, dit aussi carences et effet yoyo au tournant. Charlotte Le Verger, nutritionniste-diététicienne à Rennes nous explique.

Le concept du régime hyperprotéiné 

Un régime hyperprotéiné se compose de trois phases :

  • La "phase starter", qui s’étend de trois jours à une semaine, prétend éliminer les graisses en surplus. On supprime les glucides et les lipides au profit des protéines.
  • La phase de "régime contrôle" permettrait de stabiliser ou d’atteindre, le poids souhaité. Certains aliments sont réintroduits, comme du pain aux céréales complètes ou des fruits. Cette phase permettrait d’acquérir de nouvelles habitudes alimentaires en vue de la dernière phase.
  • La stabilisation. Sont réintroduits les féculents. Cette dernière étape est dite "la plus importante pour éviter l'effet yoyo". Et en pratique ?

Carences et reins surchargés

Longtemps conseillé aux personnes devant perdre beaucoup de poids en très peu de temps avant une chirurgie, les médecins ont depuis mis en garde contre ce régime. Certains médecins avaient même publié des méthodes qui ont eu beaucoup de succès dans les années 2000. C'est le cas de Pierre Dukan, radié de l'ordre des médecins depuis.

"Ce type de régime fait beaucoup trop travailler les reins, cela peut même conduire à des insuffisances rénales", commence Charlotte Le Verger. Cette surcharge est dûe spécifiquement à l'excès de protéines dans l'alimentation. Celles ci ne peuvent être stockées par le corps comme le sont les glucides, et doivent être évacuées.

Comme l'explique la diététicienne, trop peu de féculents et de gras, et un excès de protéines : "Ce n'est pas non plus très bon pour le cerveau. De même, cela acidifie l'organisme, et long terme, on risque des blessures musculaires."

A long terme, le corps s'essouffle

"Les gens disent toujours 'ça marche', mais à long terme, on se rend vite compte que non", explique la diététicienne rennaise. Le régime hyperprotéiné et toutes ses variantes permettent une prise de poids rapide, et c'est bien ça le problème. Qui dit perte de poids rapide dit reprise et stockage : le corps anticipe alors une prochaine période de privation.

En cause : l'effet yoyo. Plus on prive son corps en quantités et/ou en qualité, et plus il va développer un mécanisme de survie. Après coup, que ce soit plusieurs semaines, mois ou années : on reprends le poids perdu... ou parfois plus. Notons que des régimes privatifs non accompagnés d'un ou d'une nutritionniste peuvent être dangereux, quels qu'il soient.