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Comment gérer votre argent en couple

Par Perrine Gruson
couple-argent Seahorse Vector/Shutterstock.com

La gestion des avoirs et des dépenses en couple n’est pas toujours de tout repos, et elle peut engendrer conflits et frustrations. Comment faire régner l’harmonie financière au sein de votre petite famille? Voici de précieux conseils et des méthodes éprouvées pour vous guider à travers les hauts et les bas de cette incontournable réalité de la vie à deux.

Une bonne entente financière dans un couple, est-ce possible? Aux dires de certains, absolument. Janie Lampron et son conjoint, par exemple, ont décidé dès le départ de parler ouvertement d’argent et ont convenu de partager les dépenses communes en fonction d’un pourcentage de leurs salaires respectifs. Après une période d’ajustement, les deux partenaires s’estiment satisfaits de la situation, même si « ce n’est pas parfait », car des compromis sont parfois nécessaires.

Dans un sondage CROP réalisé en 2022 pour le compte de la Chambre de la sécurité financière auprès de 1 000 personnes, 90 % des répondants ont indiqué qu’ils parlaient de finances d’égal à égal avec leur partenaire de vie. Selon les travaux de la chercheuse Hélène Belleau, il s’agirait d’une avancée par rapport à 2016, alors que 4 couples sur 10 affirmaient que la gestion de l’argent ne faisait pas l’objet de discussions de leur côté.

Il reste que cet aspect de la vie à deux peut toujours devenir un sujet de discorde. Dans un couple, les deux partenaires gagnent rarement le même salaire et n’ont pas forcément la même façon de gérer les revenus et/ou les dépenses, ce qui est susceptible de créer des frictions, surtout dans le contexte économique actuel marqué par l’inflation, des taux hypothécaires élevés et un fort taux d’endettement des ménages.

« Il ne faut pas avoir peur de nous affirmer dans un couple, dans nos choix et dans nos valeurs. La communication et l’affirmation de soi permettent de changer les façons de faire qui nous dérangent », croit Véronique Joanis, conférencière en finances personnelles et aussi enseignante au sein du programme Techniques en travail social au Cégep de Saint-Jérôme.

Trois stratégies de gestion

Une fois le dialogue ouvert avec votre partenaire, il vous faudra choisir une stratégie adaptée à votre situation. On parle en général de trois méthodes de gestion financière pouvant s’appliquer dans un couple.

Tout mettre en commun. Les revenus des deux personnes sont déposés intégralement dans un compte conjoint, et toutes les dépenses (familiales comme personnelles) sont effectuées à partir de ce compte. Cela veut dire que la paie de chacun des conjoints est déposée directement dans ce compte, sans transiter par un compte personnel. L’épargne pour la retraite ou pour d’autres projets y est aussi déduite.

Cette façon de faire facilite la gestion des finances communes et prévaut chez des couples qui sont formés depuis longtemps ou qui ont des enfants en commun, mais elle nécessite une grande confiance entre les partenaires, de même que des valeurs et des objectifs similaires.

Hélène Belleau, professeure titulaire au Centre Urbanisation Culture Société de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et auteure de plusieurs études sur le couple et l’argent, fait valoir que les conjoints n’oublient jamais d’où viennent les revenus, surtout quand il y a un écart de salaire important, et que cela peut susciter des conflits à propos des dépenses jugées acceptables par l’un ou par l’autre des partenaires.

Par ailleurs, en cas de séparation et de fermeture du compte conjoint, comment répartirez-vous l’argent? Il pourrait être difficile de prouver qui a payé quoi... En fait, comme l’explique le site web gouvernemental JuridiQC, à moins d’avoir une entente qui prévoit le contraire, l’argent détenu dans un compte conjoint doit être divisé en parts égales entre vous et votre ex, quelle que soit la contribution que chacun a faite au compte. Le site mentionne également que s’il y a des dettes affiliées au compte – la marge de crédit en est un bon exemple –, les deux conjoints en sont responsables.

Selon ce qu’observe Hélène Belleau, dans cette méthode, le train de vie adopté par le couple ou la famille s’appuie sur la personne qui a le revenu le plus élevé. « Cela signifie que celle qui gagne le moins va s’appauvrir à long terme, puisqu’elle suit un rythme qu’elle ne peut pas toujours se permettre », mentionne-t-elle.

Séparer les dépenses au prorata des revenus de chacun. Cette manière de faire est souvent vue comme la plus équitable, surtout en cas de salaires différents. Les dépenses communes sont assumées proportionnellement aux revenus des conjoints. Ainsi, si une personne contribue à hauteur de 70 % des revenus familiaux, elle le fera également à 70 % des dépenses communes. Concrètement, une fois le pourcentage déterminé, vous pouvez ouvrir un compte conjoint et y déposer la part établie de vos revenus; les dépenses sont alors soustraites de ce compte.

Des applications de partage des dépenses telles que Tricount ou encore Splitwise peuvent vous aider à déterminer les montants exacts selon le ratio déterminé au préalable. L’objectif de ce type de budget est d’obtenir une distribution équitable des charges, tout en laissant suffisamment d’argent pour les dépenses personnelles de chaque partenaire.

La méthode du 50-50. Dans ce cas, chaque conjoint paie la moitié des dépenses communes. Quand les deux salaires sont similaires, il peut s’agir d’une option équitable. Sinon, la personne du couple qui gagne le moins est, de toute évidence, désavantagée : elle en a moins dans ses poches pour l’épargne ou pour ses dépenses personnelles.

Tout est dans l’équilibre

Il n’existe pas de solution universelle : la méthode de gestion choisie devrait être celle qui convient le mieux à votre couple, et elle peut aussi évoluer dans le temps. De l’avis d’Hélène Belleau, quelle que soit la façon de faire, l’important est de maintenir l’équilibre dans le partage des revenus et des dépenses au quotidien.

« Il faut penser non seulement à court terme, mais aussi à long terme. Car oui, la plupart du temps, les femmes ont moins de revenus que les hommes et perdent plus d’argent lorsqu’arrive une séparation. […] Ce sont elles qui s’arrêtent le plus souvent à l’arrivée d’un enfant, et elles aussi qui réduisent leur temps de travail par la suite », précise-t-elle.

La chercheuse suggère aussi de prévoir une éventuelle allocation ou pension au cas où l’un des conjoints traverserait un moment difficile : « Cela pourrait par exemple s’appliquer à une personne en arrêt maladie. L’inconvénient, c’est que le conjoint qui se fait “subventionner” n’a pas accès à l’ensemble de l’argent. »

Par ailleurs, si l’un de vous est du type cigale et l’autre, du genre fourmi, le budget risque de s’en ressentir. « Ce n’est jamais évident. Il faut trouver un compromis, avoir une bonne communication… Garder des comptes individuels en plus du compte commun permet de faire des dépenses personnelles. Cela enlève des frustrations et diminue les chicanes dans le couple », indique Véronique Joanis.

Nouveau couple ou vieux duo

Dans son livre La facture amoureuse, l’animateur et comptable bien connu Pierre-Yves McSween insiste sur l’importance de situer le couple dans le temps et d’évaluer sa maturité avant de déterminer le mode de gestion des finances. Vous ne choisirez pas la même stratégie si vous êtes un jeune couple que si vous en êtes un à quelques années seulement de la retraite… Selon lui, les partenaires devraient aussi s’entendre sur leurs objectifs financiers communs et personnels avant de choisir une façon de faire.

Véronique Joanis a une vision similaire des choses : « La flexibilité, l’adaptation aux étapes de la vie est primordiale, comme lorsque l’un des deux partenaires est proche aidant ou en congé parental. L’idée, c’est d’être équitable entre les conjoints. »

L’enseignante et conférencière mentionne d’ailleurs qu’il est rare de conserver le même mode de gestion tout au long d’une vie, et elle prône un objectif de satisfaction personnelle de 80 % entre les conjoints. Concrètement, cela veut dire que la perfection n’existe pas, qu’il est essentiel de tolérer certaines frustrations et qu’il faut être prêt à faire des compromis. « Il n’y aura jamais 100 % de satisfaction dans un couple en ce qui concerne les finances », argue-t-elle.

Le cas des conjoints de fait

La chercheuse Hélène Belleau signale que le fait d’être marié ou en union libre a une incidence considérable dans la protection financière des individus. Le mariage offre légalement aux époux une protection pour leur résidence et leurs biens, et il établit automatiquement un patrimoine familial. Or les personnes en union de fait forment 43 % des couples au Québec, selon Statistique Canada.

Rappelons qu’au Québec, les conjoints de fait n’ont aucune reconnaissance sur le plan juridique. En cas de séparation, les personnes non mariées n’ont pas la même protection que celles qui le sont en ce qui concerne le droit de la famille, que ce soit pour le partage des biens et les droits sur la résidence familiale ou pour la pension alimentaire. L’affaire Éric contre Lola, qui s’est conclue à la Cour suprême du Canada en 2013, a mis en évidence cet aspect juridique de l’union libre. Quelque 10 ans plus tard, rien n’a changé dans la législation québécoise.

Dans toutes les autres provinces canadiennes, les conjoints de fait ont une obligation alimentaire l’un envers l’autre, et plusieurs d’entre elles prévoient le partage des biens à la fin de l’union. Hélène Belleau estime que la mise en place d’un cadre juridique pour les personnes en union libre serait souhaitable au Québec.

« La protection des conjoints passe par le fait d’avoir les deux noms sur les actifs; c’est essentiel », souligne quant à elle Véronique Joanis. Pourquoi? Parce que la personne qui a le nom sur la facture repartira avec le bien en cas de séparation.

L’incontournable contrat de vie commune

Les conjoints de fait peuvent signer un contrat de vie commune pour définir clairement les obligations de chacun. Selon le site web d’Éducaloi, un tel contrat comprend diverses clauses, notamment les droits et les obligations de chacun des partenaires, mais aussi ce qu’il advient en cas de rupture.

Entre autres exemples, le document en question peut mentionner le détail du partage de la résidence familiale, la répartition des biens ou la pension alimentaire. Le contrat de vie commune est aussi en mesure de comprendre une clause en cas de décès de l’un des conjoints. Même si ce contrat est susceptible de varier beaucoup d’un couple à l’autre selon les situations et les biens, il existe des modèles gratuits que vous pouvez télécharger, notamment sur les sites web de LawDepot et Wonder.Legal.

Quelle est la valeur légale de ce contrat? Une fois qu’il est signé par les deux parties, celles-ci doivent en respecter les termes. Dans le cas de la dissolution ou de la séparation du couple, les deux conjoints devront s’y conformer. À souligner qu’il est fortement recommandé de faire notarier le document, afin d’éviter tout litige futur. Si vous faites affaire avec un notaire ou un avocat, il vous en coûtera de 500 $ à plus de 1 000 $, selon la complexité du dossier.

Planifier l’épargne… et l’avenir!

Votre couple va bien, la stratégie de gestion des finances est choisie, le budget est établi et vous avez peut-être signé un contrat de vie commune. Est-il possible d’améliorer encore votre portrait financier familial? Pour déterminer un plan d’épargne commun à long terme, un planificateur financier peut se révéler utile, tout comme l’est un conseiller en sécurité financière pour magasiner vos assurances de personne.

Un budget, des discussions sur la méthode de gestion qui vous convient le mieux en tant que couple, une bonne communication, une planification à long terme et des moyens pour vous protéger en cas de pépins : voilà ce qu’il faut garder en tête lorsque vient le temps de parler d’argent avec votre douce moitié. « La vie est remplie de changements sur le plan financier. La clé, c’est la flexibilité psychologique, la résilience et la communication », fait valoir Véronique Joanis.

Ressources

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Grilles budgétaires pour couples et familles – Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de Lanaudière

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