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Puis-je empêcher l’intelligence artificielle de voler mon image ?

Par Maxime Johnson
Photos: Maxime Johnson

Les intelligences artificielles génératives permettent de générer des images en s’inspirant de milliards de photos et d’œuvres trouvées en ligne, parmi lesquelles peut-être vos propres clichés. Voici comment vous assurer que votre visage ou celui de vos proches ne vous sont pas virtuellement volés et comment vous protéger sur les réseaux sociaux.

Comme la plupart des gens, vous avez probablement publié des centaines de photos en ligne au cours des vingt dernières années, dont celles de vos enfants. Or, pour beaucoup, ces images ne sont pas seulement consultées par les amis en ligne : dans certains cas, elles sont aussi téléchargées pour entraîner les systèmes d’intelligences artificielles génératives comme Dall-E, Midjourney et Stable Diffusion. Ces outils permettent de créer des images à partir d’une requête texte (« portrait d’un jeune homme souriant dans une forêt », par exemple).

Que faire si vous ne souhaitez pas que l’un de vos enfants ou vous-même devienne un visage virtuel à votre insu ? Est-il possible de mettre vos images hors de la portée de l’IA, ou de récupérer celles qu’elle a déjà gobées ? En quatre points, voici ce que vous pouvez faire.

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1. Puis-je vérifier si l’IA utilise mes photos pour s’entraîner ?

Les développeurs qui créent les intelligences artificielles génératives visuelles ont besoin de beaucoup d’images. Laion-5B, la base de données utilisée notamment pour entraîner Stable Diffusion et Imagen de Google, contient par exemple des combinaisons de plus de cinq milliards d’images et de descriptions textuelles. Certaines de vos photos s’y trouvent peut-être.

Pour savoir si c’est le cas ou non, le site web HaveIBeenTrained.com permet d’effectuer une recherche dans la base de données Laion-5B. Entrez votre nom, ou téléversez une image en cliquant sur l’icône de caméra à la droite de la barre de recherche sur le site. Si vous trouvez votre photo, vous pouvez cliquer sur cette dernière pour voir sur quel site celle-ci est hébergée.

- Le rédacteur en chef de Protégez-Vous a sa photo dans la base de données HaveIBeenTrained.com.  Capture d’écran : Maxime Johnson

Notre rédacteur en chef Frédéric Perron apparaît, par exemple, dans la base de données parce qu’une de ses anciennes images de profil du site web de Protégez-Vous est toujours accessible en ligne.

Notez toutefois que la recherche par photo n’effectue pas de reconnaissance faciale. Il a donc été possible de retrouver la photo de Frédéric en cherchant à partir d’une version rognée de l’image trouvée précédemment, mais pas à partir d’un autre portrait. Autrement dit, ce n’est pas parce que vous ne retrouvez pas votre photo sur HaveIBeenTrained.com que celle-ci n’est pas dans la base de données.

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2. Comment puis-je empêcher qu’on utilise mes photos ?

Si votre image apparaît dans une recherche HaveIBeenTrained.com, vous pouvez vous créer un compte sur le site et indiquer que vous ne voulez pas que celle-ci soit utilisée pour entraîner de nouveaux modèles d’IA (il est trop tard pour faire quoi que ce soit avec ceux qui existent déjà).

Pour ce faire, il suffit d’accéder au site à partir d’un ordinateur, de créer un compte et de cliquer sur votre photo avec le bouton droit de votre souris puis de sélectionner « Add to Do Not Train List ».

Malheureusement, il est difficile de savoir si les entreprises derrière les IA génératives vont réellement respecter votre demande. Stable Diffusion a annoncé qu’elle n’utiliserait pas les photos identifiées de la sorte pour entraîner les prochaines versions de son générateur d’images, mais les autres ne se sont pas prononcées sur le sujet.

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3. Quelles autres précautions puis-je prendre pour qu’on n’utilise pas mes photos ?

Cherchez tout d’abord si des photos de vous sont accessibles avec votre nom à partir de moteurs de recherche, comme Bing, Google et Yandex, en utilisant l’onglet Images de ces sites. Si vous en trouvez, sélectionnez l’image pour identifier la source.

Dans certains cas, vous devrez changer les paramètres de vos photos enregistrées en ligne pour vous assurer qu’elles sont privées et qu’elles ne peuvent plus être trouvées par les moteurs de recherche et les IA génératives. Votre vieux compte Flickr, par exemple, est peut-être public. La marche à suivre varie d’un site à l’autre, mais celle-ci devrait généralement être assez simple.

- Les photos de profil de LinkedIn sont souvent publiques. Capture d’écran : Maxime Johnson

Sur LinkedIn - Cliquez sur votre photo de profil, puis sur Modifier. Cliquez ensuite sur l’icône d’œil en bas à gauche de la fenêtre pour choisir la visibilité de l’image. Par défaut, votre photo peut être vue par tout le monde, même en dehors de LinkedIn. Vous pouvez opter pour une visibilité plus réduite, comme à tout LinkedIn seulement, ou à vos contacts uniquement.

Sur Facebook - Cliquez sur l’icône à côté de la date de publication d’une photo pour en changer l’audience. Meta, l’entreprise derrière le réseau, a d’ailleurs confirmé à la fin septembre que ses différentes IA étaient entraînées sur les billets et les clichés publics d’Instagram et de Facebook, et non sur ceux qui sont privés.

Sur Instagram - Vous devrez rendre privé tout votre profil afin qu’il ne soit pas utilisé pour entraîner les prochaines IA de Meta (dans le menu Paramètres et confidentialité).

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4. Comment effacer mes photos sur les réseaux ?

Les politiques reliées à l’utilisation de photos pour l’entraînement des IA peuvent varier dans le temps, et même si des initiatives sont mises en place pour indiquer que vous ne souhaitez pas que vos clichés soient utilisés, rien ne force les entreprises à les respecter.

Si vous tenez vraiment à ce que des photos ne soient pas utilisées et si vous n’avez pas besoin qu’elles soient en ligne, la meilleure solution consiste évidemment à les effacer.

Ici aussi, la marche à suivre varie d’un site à l’autre et elle est assez facile. D’une manière générale, une option de suppression (généralement accompagnée d’une icône de poubelle) devrait être accessible près de la photo. Sur Facebook, par exemple, il suffit d’ouvrir la photo et de cliquer sur les trois petits points en haut à droite de l’écran (tant sur le web que sur l’appli mobile), puis de sélectionner Supprimer la photo.

- Les photos de ces personnes ont été utilisées pour entraîner les générateurs d’images. Capture d’écran : Maxime Johnson

Dans les sites de sauvegarde de photos, comme Google Photos, l’image sera habituellement ensuite sauvegardée dans une corbeille pour une période prédéterminée (60 jours dans le cas de Google Photos) avant d’être réellement effacée. Il est aussi possible d’accéder à sa corbeille pour la vider plus rapidement.

Notez qu’une image effacée existe toutefois peut-être encore. Instagram, par exemple, indique dans sa politique d’utilisation que le processus de suppression peut durer jusqu’à 90 jours et que, même après cette limite, le contenu peut encore être présent dans ses serveurs, notamment dans des copies de sauvegarde.

Dans les cas des photos auxquelles vous n’avez pas accès, par exemple celles qui se retrouveraient sur le site d’un ancien employeur, vous devrez contacter les responsables du site directement pour en faire la requête. Au Canada, ceux-ci ne sont toutefois pas forcément tenus d’acquiescer à votre demande.

En ce qui a trait aux photos intimes, ou obtenues illégalement, le site américain DMCA.com peut aider à entreprendre les démarches pour exiger le retrait d’une image.

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