La renaissance du monstre de Florence

Enquête. Dans la capitale des Médicis, l'arrestation du Maniaque, un plombier qui a reconnu le crime atroce d'au moins une prostituée, ravive le souvenir du Monstre, un tueur en série des années 1980 jamais arrêté.

La renaissance du monstre de Florence

    Dans une histoire pour enfant, il serait l'ogre ou le grand méchant loup. Mais loin des terreurs des tout-petits, c'est une Italie horrifiée qui vient de découvrir l'existence bien réelle de Riccardo Viti. Modeste plombier de la périphérie florentine, cet homme insipide est devenu en dix jours le Mal incarné pour toute la pieuse péninsule.

    Vendredi 9 mai, il a été interpellé à son domicile -- face au commissariat de quartier --, quatre jours après avoir mutilé à mort une prostituée roumaine. Pour 30 â?¬, Cristina, 26 ans, mère de deux enfants, décrite comme limitée intellectuellement, a accepté de se livrer aux caprices sadomasochistes de ce pervers, sans savoir à quoi elle s'exposait. Quand l'avocat de l'intéressé plaide un jeu sexuel consenti qui aurait mal tourné, beaucoup se demandent à l'inverse si un serial killer ne vient pas d'être mis hors d'état de nuire. Car la carrière criminelle de cet homme de 55 ans aurait pu débuter il y a plusieurs décennies.

    Rien que depuis 2006, six prostituées agressées, dont l'une a frôlé la mort, avaient décrit un même bourreau, petit, rondouillard, timide au premier abord. Des agressions restées impunies. Il aura fallu la mort de Cristina pour que la machine judiciaire se mette en marche. L'expertise des caméras de vidéosurveillance du secteur a eu vite fait de confondre le véhicule Fiat Doblo du Maniaque de Florence, retrouvé garé en face de chez lui.

    Une traque presque trop facile pour certains. « On nous présente le policier qui l'a confondu comme un héros. Mais pourquoi personne ne s'est réveillé avant ? » clament à l'unisson les prostituées du Cascine, le grand parc du nord de Florence. Surtout, nombreux sont ceux à être persuadés que la liste des victimes de Viti est bien plus longue. « Je ne sais plus tout ce que j'ai fait par le pass?, a biaisé l'intéressé devant les enquêteurs, qui multiplient actuellement les vérifications et ressortent les « cold case » des cartons.

    En toile de fond se réveille une autre affaire, jamais élucidée et qui a marqué l'Italie dans les années 1980. Celle, à l'époque, du Monstre de Florence. Le meurtrier de sept couples, dont un de Français, qui découpait les seins et les organes génitaux de ses victimes féminines. « Une affaire criminelle, mais aussi politique, indissociable de l'Italie moderne, analyse Luca Pesante, grand reporter de la chaîne Mediaset. Une nouvelle fois, la découverte de ce Maniaque de Florence tranche étrangement avec l'image de la douce Toscane millénaire. »