Villers-Houlgate, le petit Poucet à l’ascension fulgurante, découvre la quatrième division du foot français

Les footballeurs de Villers-Houlgate ont joué le premier match de leur histoire en Nationale 2 à domicile, ce 24 août, fruit d’une sixième montée en huit ans. Le petit Poucet doit désormais apprendre et grandir.

Les joueurs de Villers-Houlgate, en jaune et vert, ont cédé face à Chantilly (0-1) pour le premier match de leur histoire en N2, devant près de 400 spectateurs dans leur petit stade. LP/Esteban Pinel
Les joueurs de Villers-Houlgate, en jaune et vert, ont cédé face à Chantilly (0-1) pour le premier match de leur histoire en N2, devant près de 400 spectateurs dans leur petit stade. LP/Esteban Pinel

    L’air de la mer voilé d’une petite odeur de saucisses. Ce samedi 24 août, le stade André Salesse de Villers-sur-Mer (2800 habitants) détourne légèrement la petite commune de son actualité de cité balnéaire. L’AS Villers-Houlgate (ASVH), ovni du foot amateur français avec ses six montées en huit ans importe le National 2 (N2), quatrième échelon national, sur la côte fleurie. Premier match de l’histoire des Jaunes et verts à ce niveau face à Chantilly, une semaine après un baptême réussi à Wasquehal (2-0). « C’est surprenant de les voir là, sourit Alain, habitué depuis plus de 30 ans. Surtout pour une petite ville comme la nôtre. »

    Ce samedi, la petite tribune d’honneur est pleine. Quasi 400 personnes assistent à une rencontre âpre, assez fermée et finalement perdue, 1-0, suite au coup de canon de Karamoko, auteur d’un tir lobé de 35 m sur lequel le gardien calvadosien semblait pouvoir faire mieux. « Nous, on ne peut rien donner à l’adversaire », glissait l’entraîneur Bruno Luzi, arrivé cet été sur le banc après avoir notamment incarné le FC Chambly pendant 20 ans, emmenant le club de l’Oise jusqu’en Ligue 2. Le technicien s’y connaît en petit club à la folle dynamique : « On fait avec pas grand-chose. Les joueurs qui étaient déjà là les années précédentes pensaient peut-être continuer à monter mais après le premier match en N2 à Wasquehal, certains m’ont dit qu’ils n’avaient jamais joué un match à une telle intensité. Il va falloir vite apprendre. »

    « C’est une dinguerie »

    « Malgré l’étiquette d’équipe qui enchaîne les montées, on reste le petit Poucet », abonde Loïc, éducateur au club. La communication de l’ASVH relève d’ailleurs d’une saison sous forme de rêve éveillé. Encore en deuxième division départementale en 2016, Villers a considérablement grandi sous l’impulsion de la fusion avec Houlgate en 2017. Tout est allé très vite sur le terrain « et derrière il faut que ça suive, fait remarquer Loïc. Il n’y a pas de musique, pas de speaker, pas d’animation. De longs déplacements nous attendent, que l’on fera en minibus. On n’a pas la même culture que d’autres clubs de notre division. » « Les autres sont plus connus, ont plus de budget et sont dans des villes plus grandes », fait remarquer Clément, un jeune supporter. Comme Aubervilliers, Beauvais, Bobigny, Chambly, Créteil ou encore Épinal.



    « Plusieurs adversaires doivent nous chercher sur Google maps, s’amuse le président Victor Granturco. C’est une dinguerie d’accueillir des matchs de N2. On nous promettait raclée sur raclée mais après deux journées, nous ne sommes pas ridicules. » Une victoire et une défaite. Avec 500 000 € de budget, l’ASVH martèle un objectif de maintien. « Petit Poucet, c’est juste un surnom. Sur le terrain, on joue comme les autres », pose le capitaine Allan Bidard. Le long de la main courante, les supporters clament leur enthousiasme pour cette saison historique, non sans quelques interrogations : « l’Hiver, il n’y a pas grand monde ici. Et il y a peu de jeunes. Beaucoup d’habitants ne connaissent pas l’équipe », disent deux spectateurs. De 30 000 habitants l’été, Villers retrouvera ses 2800 permanents après l’été. De quoi relancer quelques murmures sur une hypothétique nouvelle fusion future pour fédérer plus largement. D’ici là, le petit Poucet vit son rêve chez les grands.