«Chamboultout», «Miracle Workers», l'oeuvre d'Agnès Varda... Nos choix cultures du week-end

LE PARISIEN WEEK-END. A l'extérieur ou au chaud chez vous, la culture vous tend les bras. Voici notre sélection pour ce week-end.

Béatrice et Frédéric (Alexandra Lamy et José Garcia, au centre) sont – plus ou moins – bien entourés.
Béatrice et Frédéric (Alexandra Lamy et José Garcia, au centre) sont – plus ou moins – bien entourés. Nathalie Mazéas/Gaumont

    Une émouvante comédie, un hommage à Agnès Varda, une série divine et désopilante...  Suivez le guide culturel du week-end.

    Un film : « Chamboultout », d'Eric Lavaine

    Ce film aurait pu être un drame : Frédéric (José Garcia), la quarantaine, perd la vue et la mémoire immédiate dans un accident de scooter. Mais Eric Lavaine, cinéaste spécialiste de la comédie (« Barbecue », « Retour chez ma mère »...), tire de cette situation un long-métrage joyeux et malin.

    Le récit démarre cinq ans après l'accident. La femme de Fred, Béatrice (Alexandra Lamy), publie un livre relatant sa vie aux côtés de cet homme irresponsable et totalement désinhibé, qu'elle doit désormais surveiller comme un enfant. Elle y évoque ses joies et ses difficultés, leur famille et leurs nombreux amis.

    L'épouse dévouée a pensé ce récit comme un hymne à la vie et un hommage à ses proches. Mais ces derniers en font une tout autre lecture. Quand ils découvrent la manière dont Béatrice les décrit, avec amour mais lucidité, la joie d'être devenus des héros de roman laisse rapidement la place à la rancoeur et à la colère.

    Entre la meilleure amie envahissante, le pote radin, le copain gentil mais limité, la belle-soeur incapable de faire face à la situation, la belle-mère qui demande sans cesse à être rassurée... Béatrice a fort à faire. Et nous, de nombreux prétextes à rire !

    Eric Lavaine brosse avec justesse le portrait de ces personnages tout à la fois attachants et terriblement agaçants. Entre ironie mordante, gags désopilants et scènes émouvantes, il nous fait passer du rire aux larmes, et l'on se vautre volontiers dans ce torrent d'émotions. Une comédie savoureuse portée par le charme solaire d' Alexandra Lamy. Christine Monin

    « Chamboultout », comédie d'Eric Lavaine, France (1 h 40). Avec Alexandra Lamy, José Garcia, Anne Marivin, Michaël Youn...

    Un roman : « Tout ce que tu vas vivre », de Lorraine Fouchet

    Yann Riou, dans les Yvelines, a suivi avec délectation la quête de vérité d'un ado orphelin : « Dom,15 ans, vit seul à Paris avec son père dans un hôtel particulier de Montparnasse. Claire, sa mère, a quitté le foyer pour aller faire de l'humanitaire. Une nuit, son père succombe à une crise cardiaque dans les bras d'une inconnue, qui s'éclipse sitôt après avoir prévenu les secours.

    Qui est-elle ? Pour se remettre de ce choc, l'adolescent projette de retrouver Mathilde, son amie d'enfance, sur l'île de Groix, en Bretagne. Mais voilà qu'il reçoit un mystérieux courrier lui révélant l'existence d'une soeur en Argentine. Dom est fils unique. Hanté par toutes ces inconnues, il part pour l'Amérique du Sud où il espère trouver la vérité.

    Lorraine Fouchet, 62 ans, nous tient en haleine avec cette solide intrigue aux rebondissements multiples et aux personnages bien campés. Ancienne urgentiste, la romancière révèle la complexité de l'âme humaine avec maestria. Un récit sensible et résolument optimiste. » Mathilde Nivollet

    Librairie Une autre page : 16 bis, boulevard Fernand-Hostachy, Croissy-sur-Seine (Yvelines). Tél. : 01 34 80 06 00. Lorraine Fouchet y sera en dédicace le 18 avril.

    « Tout ce que tu vas vivre », de Lorraine Fouchet, Héloïse d'Ormesson, 336 p., 20 €.

    Une rétrospective Agnès Varda

    Merci, Agnès Varda (Philippe Lavieille/LP)

    Petit bout de femme au franc-parler, la cinéaste Agnès Varda s'en est allée. A 90 ans, celle qui fut l'une des pionnières de la Nouvelle Vague (mouvement cinématographique né à la fin des années 1950), et la seule femme à en faire partie, laisse une trentaine de films, fictions et documentaires, qui ont marqué le cinéma français, comme « Cléo de 5 à 7 » (1962), « Sans toit ni loi » (1985) ou « Les Glaneurs et la Glaneuse » (2000).

    Récompensée par un oscar d'honneur en 2017, elle fut aussi photographe et plasticienne. Artiste féministe et engagée, Agnès Varda laisse une oeuvre qui ne ressemble à aucune autre. C. M.

    « Agnès Varda », coffret cinéma documentaire, Arte éditions, 50 €.

    Une série : « Miracle Workers »

    Avachi sur son canapé, une bière à la main, Dieu déprime. Le monde est ravagé par les guerres et les problèmes environnementaux. Les hommes ne croient plus en lui. Alors, à quoi bon continuer de diriger « Heaven Inc. » (« Paradis SARL »), sa multinationale? Sa décision est prise : dans deux semaines, il fera exploser la Terre. Eliza et Craig ( Daniel Radcliffe ), responsables du bureau des « prières à exaucer », vont tenter de montrer au Divin que des miracles existent toujours et de lui redonner la foi.

    Créée par l'humoriste américain de 34 ans Simon Rich, jeune prodige de l'absurde, « Miracle Workers », une série courte de sept épisodes de vingt minutes, n'a pas d'autre ambition que de nous faire rire. Mission accomplie ! Grâce notamment à Steve Buscemi, désopilant dans le rôle du Divin cynique et fatigué. Tanneguy de Kerpoisson

    « Miracle Workers », 7 épisodes de 20 minutes, sur MyCanal et sur iTunes à partir du 7 avril.

    Un jeu vidéo : Devil May Cry 5

    Certains films de série B, par leur créativité et la joie qu'ils procurent, valent bien les oeuvres cinématographiques les plus léchées. Il en va de même dans le jeu vidéo. Devil May Cry 5, la suite d'une saga culte qui a mis onze ans pour sortir, vaut largement God of War.

    Inspiré très librement de « La Divine Comédie » de Dante, ce jeu japonais marie le grotesque et le sublime. Grotesque, d'abord : les trois héros habillés comme des stars de groupes de métal des années 1980. Nouveau venu, le ténébreux V déclame des poèmes pour recharger ses pouvoirs. Il fallait oser. Le scénario est à l'avenant : un arbre maléfique au nom imprononçable, « Qliphoth », sert de passerelle entre le monde du dessous, infesté de démons, et notre terre. A nous d'aller déraciner le mal en dégommant des méchants ressemblant à de gros insectes.

    Or, c'est dans ces combats, la raison d'être du jeu, que tout le sublime de Devil May Cry 5 se révèle. Quelle sensation de puissance ! On hache du vilain avec une fluidité déconcertante. Chaque héros a son propre style, qu'on enrichit au cours de l'aventure. V, notre poète maudit, ne se bat pas mais invoque des démons alliés pour le faire à sa place : un aigle bleu et bavard qui lance des éclairs ou une panthère mutante. Néro possède, lui, un bras mécanique qui peut attraper les ennemis à distance ou exploser comme une grenade. Dante attaque avec son épée, ses deux pistolets et même sa moto.

    Les combats contre les chefs sont jouissifs, surtout lorsqu'on met à bas, dans un déluge de coups et de lumière, des monstres grands comme des immeubles et moches comme des poux ! Benjamin Jérôme

    Devil May Cry 5, sur PC, PS4, Xbox One, de 45 à 60 €.