Eurovision 2023 : la Suédoise Loreen devient la première femme à remporter deux fois la compétition

La Suédoise de 39 ans n’est que la deuxième artiste à accomplir l’exploit de remporter deux fois le concours, une nouvelle consécration pour la chanteuse déjà bien installée sur la scène européenne.

    Si Johnny Logan est « Monsieur Eurovision », alors elle est assurément « Madame ». La chanteuse suédoise Loreen a remporté samedi soir à Liverpool (Royaume-Uni) la 67e édition de l’Eurovision avec sa chanson « Tattoo », qui a récolté 583 points. Elle a devancé la Finlande et Israël, quand la candidate française La Zarra termine son Eurovision avec une décevante 16e place et un geste controversé.

    La réédition d’une performance que Loreen avait déjà accomplie en 2012. Elle devient ainsi la première femme à gagner deux fois l’Eurovision, la deuxième artiste seulement, après l’Irlandais Johnny Logan, vainqueur en 1980 et 1987. Elle permet aussi à la Suède d’égaler le record de victoires à l’Eurovision, jusqu’ici propriété… de l’Irlande, qui s’est imposée à sept reprises.

    « Euphoria », son tube entendu dans toute l’Europe

    Âgée de 39 ans, Loreen Talhaoui a grandi à Västerås, ville située à 100 km de Stockholm, dans une famille de parents berbères marocains qui ont immigré en Suède. Elle s’est fait connaître en 2004 en participant à « Idol », la version locale de la « Nouvelle Star », où elle a terminé 4e. Mais c’est en 2012 qu’elle explose sur la scène européenne.

    Après avoir passé la sélection suédoise pour l’Eurovision, elle remporte largement le concours, organisé à Bakou (Azerbaïdjan). Sa chanson « Euphoria » devient un tube sur tout le continent. C’est bien simple, si le titre ne vous dit peut-être rien, il est peu probable que vous ne l’ayez jamais entendu.

    S’ensuit la sortie de son album « Heal », qui se classe dans le top 50 en Suède, mais aussi dans onze autres pays européens. Plusieurs singles à succès prennent ensuite le relais, comme « We Got the Power », qu’elle interprète à l’Eurovision 2013 à Malmö, à l’occasion de la finale. « Paper Light » ou « I’m In It With You » rencontrent également un grand succès sur la scène suédoise en 2015.

    Toujours réputée dans son pays, elle tente un premier retour à l’Eurovision en 2017, en participant à la sélection nationale. Son parcours s’arrête aux repêchages juste avant la finale, mais la chanson « Statements » rencontre un franc succès en Suède et auprès des fans de l’Eurovision.

    De quoi la pousser à réitérer l’expérience cette année. Sa victoire avec « Tattoo » est alors écrasante et la propulse à nouveau à l’Eurovision. Elle réussit ainsi son retour à la compétition de la plus belle des manières, ce qui n’a pas toujours été le cas pour les revenants.

    Revenir tenter sa chance, le défi périlleux des anciens gagnants

    Car les vainqueurs qui ont fait leur retour sur la scène de l’Eurovision ont connu des fortunes diverses. Elisabeth Andreassen, membre de Bobbysocks, duo vainqueur en 1985, par exemple, n’est pas passée loin d’une deuxième victoire pour la Norvège en 1996, en finissant deuxième.

    Avant Loreen, sa compatriote Carola avait aussi brillamment relevé le défi du retour, en arrivant à la 5e place en 2006. L’Allemande Lena était également revenue défendre son titre en 2011 à Düsseldorf, alors qu’elle venait de remporter le concours l’année précédente. Elle avait réussi à accrocher une 10e place.

    Mais le plus souvent, l’expérience a viré au bas de tableau, quand ce n’était pas carrément la catastrophe industrielle. Niamh Kavanagh, Charlotte Perrelli ou encore Alexander Rybak, gagnants en 1993, 1999 et 2009 respectivement, ont dû se contenter des 23e, 18e et 15e places en finale lors de leur retour à la compétition.

    Dana International, grande vainqueure israélienne en 1998, n’a quant à elle même pas réussi à se qualifier pour la finale lors de son retour en 2011.

    Trois victoires suédoises en onze ans

    Loreen accomplit donc la brillante performance de ramener le micro de cristal en Suède, qui avait gagné pour la dernière fois en 2015. Le palmarès local a de quoi impressionner : trois victoires en seulement onze ans, pendant lesquels la Suède a toujours été dans le top 10, à l’exception de 2013 et 2021 où elle a terminé 14e.

    On peut se demander quelle est la recette miracle des Suédois pour obtenir de si bons résultats quand la France attend depuis 46 ans (et bientôt 47) un nouveau sacre. Son nom tient en seize lettres : le Melodifestivalen.

    Une sélection nationale ultra produite, durant laquelle 28 artistes s’affrontent pendant six semaines au travers de quatre demi-finales, un repêchage et une finale. Un événement organisé dans toute la Suède, dont l’audience atteint 83 % de parts de marché.

    Véritable institution scandinave, cette sélection, où sont invités à voter des jurys étrangers, est même plus suivie que l’Eurovision en Suède. Toutes les stars nationales tentent régulièrement leur chance et préparent dès l’automne leur interprétation et leur mise en scène. De quoi arriver surpréparé à l’Eurovision, et garantir une place en haut de tableau. Pas de doute, les Suédois sont déjà dans les starting-blocks pour trouver le successeur de Loreen en 2024 à la maison.