Rock : Flogging Molly met le Bataclan à l’heure irlandaise

Maîtres du punk rock celtique autrefois défini par les Pogues, et aujourd’hui entretenu par les célèbres Dropkick Murphys, les Américano-irlandais de Flogging Molly ont fait danser ce mardi 27 août au soir durant une heure et demie le Bataclan au son de leurs hymnes festifs et enjoués.

La violoniste Bridget Regan, le chanteur et guitariste Dave King et le joueur de banjo Spencer Swain, trois éléments clés du punk rock celtique de Flogging Molly. Dom Gilbert
La violoniste Bridget Regan, le chanteur et guitariste Dave King et le joueur de banjo Spencer Swain, trois éléments clés du punk rock celtique de Flogging Molly. Dom Gilbert

    Une violoniste qui manie aussi la flûte, un accordéoniste, un joueur de banjo… Voici le type d’artistes qu’on rencontre rarement au sein d’un groupe de rock. Sauf quand il s’agit de punk rock celtique, une division bien particulière des musiques électrifiées, mélangeant l’énergie primale du rock aux airs folkloriques. Et dans ce style, Flogging Molly, combo majoritairement américain mais emmené par un Irlandais, le chanteur et guitariste Dave King, fait office de figure de proue, à côté des plus connus du grand public Dropkick Murphys.

    Le groupe réussit en tout cas à rameuter suffisamment de monde un 27 août pour bien remplir le Bataclan qui certes, n’affiche pas complet, mais voit son balcon se dépeupler, la majorité des spectateurs préférant descendre dans la fosse pour se retrouver au plus près de l’action. C’est qu’il est difficile de résister à la prestation animée des hôtes de la soirée, et la salle sera ce mardi 27 août au soir théâtre d’incessantes rondes, gigues, danses, pogos et autres défilés de « slammers » voguant sur la foule, dans une ambiance déchaînée et bouillante de bout en bout.

    Dave King, tiré à quatre épingles, ne garde pas longtemps sa veste

    Le premier titre du concert donne d’ailleurs le ton : « Drunken Lullabies », un coup de banjo et hop, c’est parti pour tout le contraire d’une balade, une chanson rapide et festive, du type de celles que reprennent certainement dans les bars les ivrognes de la verte Erin. Tout comme ce qui suit, la non moins véloce « The Hand Of John L. Sullivan ». Dave King, tiré à quatre épingles, ne garde pas longtemps sa veste, pas possible, il fait déjà trop chaud. « Est-ce que la chaleur bousille ma coiffure ? », demandera-t-il d’ailleurs plus tard en rigolant. Faut dire qu’à force de bouger dans tous les sens, ou encore d’aller se pavaner à la Aldo Maccione devant les premiers rangs lors du très western « Swagger », il n’est pas près de faire baisser sa tension.

    Il n’est de plus pas le seul à animer la scène. Bien qu’il n’y ait pas moins de 7 musiciens sur scène, la violoniste Bridget Regan — et Mme Dave King au civil, il lui rendra plusieurs fois hommage au cours de la soirée — parvient à tirer son épingle du jeu, et son crincrin n’est pas le dernier à déclencher les mouvements de foule. Idem pour l’accordéon de Matt Hensley, de toutes les joutes et qu’on entend distinctement. Signalons également le travail du guitariste Dennis Casey, dont les solos aussi courts que mélodiques illuminent les chansons.

    « Je transpire tous les soirs, et pourtant je garde mon bidon ! »

    Tout n’est pas que punk celtique endiablé, calme et mélancolie figurent également au programme, comme lors de « Whistles The Wind », ou du très beau « Float ». Mais Dave King ne laisse aucun répit au public, s’adressant systématiquement à lui entre deux chansons, que ce soit pour saluer, avant « A Song Of Liberty », deux spectatrices ukrainiennes venues de Kiev, insulter amicalement une vieille connaissance perchée au balcon, féliciter un fan habillé d’un tee-shirt Bruce Springsteen, ou couvrir de louanges le festival Highfield, « euh, le Hellfest », se reprend-il, corrigé par Bridget Regan ! Mais sa réplique de la soirée reste cependant, alors qu’il désigne son ventre, « je transpire tous les soirs, et pourtant je garde mon bidon ! ». Son secret, sans doute, réside dans la bière qu’il s’enfile régulièrement, même s’il en distribue quelques canettes aux premiers rangs…

    Les classiques, déclencheurs instantanés de gigues endiablées, que sont « Devil’s Dance Floor » ou « Saints And Sinners » n’empêchent pas Flogging Molly de profiter de son passage parisien pour défendre son dernier album, « Anthem », datant d’il y a presque deux ans. Des quatre extraits présentés, c’est sans doute le dernier, « These Times Have Got Me Drinking/Tripping Up The Stairs », positionné en fin de concert, qui résonne le plus à l’applaudimètre. Un bon moyen de maintenir le public sous tension, qui se prend ensuite dans les gencives le guilleret « What’s Left Of The Flag » et le sauvage « Seven Deadly Sins ».

    Lors du rappel, entamé avec le puissamment festif « Black Friday Rule », un spectateur tend une pancarte montrant un cornichon barré de la mention « No pickles » qui fait mourir de rire Dave King, « toi, tu me connais bien ! " La pancarte finit sa vie accrochée à un ampli, tandis que le groupe entame un ultime « Salty Dog », digne conclusion d’un concert d’une heure 35 garantie 100 % sans longueurs, et 1 000 % festive.