Patrimoine en Ile-de-France : Barbizon, le village des peintres

Connu dans le monde entier pour avoir été le décor du tableau « L’Angélus » de Jean-François Millet, le petit village à l’orée de Fontainebleau (Seine-et-Marne) possède bien d’autres atouts.

 La Grande Rue de Barbizon
La Grande Rue de Barbizon LP/Benoit Durand

    Barbizon n'est pas le genre de bourgade où l'on se perd dans les petites ruelles. Ses principaux points d'intérêt jalonnent la Grande Rue, colonne vertébrale du « village des peintres », comme on le surnomme. Il y a largement de quoi y passer la journée. Voire le week-end si, à l'instar de Delacroix, Manet, ou plus récemment le photographe Steve McCurry (la jeune Afghane aux yeux verts, c'est lui), vous tombez amoureux de cette commune à l'orée de la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne).

    C'est justement grâce à cet emplacement stratégique que Barbizon est devenu ce qu'il est : un village de caractère connu dans le monde entier, un repaire d'artistes et de célébrités qui y achètent leur maison de campagne. Un « petit Saint-Tropez » champêtre de 1 300 âmes, revendique l'office de tourisme.

    L'ancienne maison de Narcisse Diaz de La Pena/LP / Benoit Durand

    Ici, pas de « dress code » architectural, mais des demeures au charme fou à chaque numéro. Chapelle atypique, rues pavées et fleuries, cascade de lierre sur les façades, commerces de bouche… Barbizon coche toutes les cases du village pittoresque. Difficile d'imaginer qu'à l'origine, ce n'était qu'un hameau en terre battue, où s'épanouissaient des fermettes en pointillé.

    Premiers tubes

    Dans les années 1830, Jean-Baptiste Camille Corot et Théodore Rousseau s'inspirent du travail des paysans pour peindre « sur le motif », c'est-à-dire à l'extérieur, dans les champs ou la forêt, face à leur sujet. C'est d'ailleurs ici qu'apparaissent les premiers tubes de peinture, conçus pour s'adapter à cette mobilité toute nouvelle.

    Mais à cette époque, le lieu reste confidentiel. L'engouement pour Barbizon balbutie à la faveur d'une épidémie de choléra en 1849. Les artistes fuient Paris et se réfugient aux abords de la forêt de Fontainebleau. Un à un, les peintres tombent sous le charme des environs. Tous se retrouvent chez les Ganne. Ce couple d'épiciers a eu la bonne idée de convertir leur maison en auberge rudimentaire, mais familiale.

    Musée de l'école de Barbizon dans l'ancienne auberge Ganne . LP / Benoit Durand

    « C'était une bande de potes qui vivait tous ensemble. Ça peignait n'importe où, ça chantait, ça buvait. Quand ils n'avaient pas assez d'argent pour payer leurs nuits, ils laissaient des peintures en gage », raconte la guide. Les pièces de vie en portent encore les marques.

    La Belle Marie

    Les peintres se sont amusés à dessiner partout, sur les meubles, les portes de placards, les portes tout court. Beaucoup de fleurs, de scènes de vie à la campagne, de chasses à cour et de paysages boisés. Au centre, l'épicerie-chambre-salon des Ganne fait sourire. La caisse enregistreuse d'un côté, le lit conjugal de l'autre. Et entre les deux, une grande cheminée où un faux poulet rôtit.

    Plus loin, l'atelier de Millet (lire ci-contre) lève le voile sur le peintre qui a fait connaître Barbizon dans le monde entier grâce à ses deux chefs-d'œuvre majeurs : L'Angélus et Les Glaneuses. Les originaux sont exposés au musée d'Orsay, mais ce discret musée privé réserve d'autres surprises. Il abrite le portrait d'Adèle Moshler, la lavandière qui a posé pour L'Angélus à l'âge de 16 ans. La ville lui a consacré une rue, la Belle Marie. Pourquoi ce surnom ? Personne ne le sait. Barbizon a ses petits secrets, et c'est aussi ça qui fait son charme.

    CONSULTEZ AUSSI > Les 15 et 16 septembre : Journées du Patrimoine 2018