«Ma mère, le crabe et moi» : «C’est presque une fable sur le cancer», confie Emilie Dequenne

La comédienne belge interprète une femme qui vit seule avec sa fille dans «Ma mère, le crabe et moi» ce mercredi soir (21 heures) sur France 2.

 Emilie Dequenne et la jeune révélation de ce téléfilm, Lorette Nyssen.
Emilie Dequenne et la jeune révélation de ce téléfilm, Lorette Nyssen. FTV/Bernard Barbereau

    Comment avouer à son adolescente que l'on a un cancer du sein ? Cathy, maman célibataire, s'inquiète de la réaction de Tania, aux humeurs explosives. Face à la maladie, sa fille va pourtant se révéler forte pour deux… Houleuse et solaire, la relation mère-fille irradie le téléfilm « Ma mère, le crabe et moi » diffusé ce mercredi sur France 2 (à 21 heures) dans le cadre d'une soirée continue.

    À l'heure où 55 000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année en France, comment vit-on avec la maladie? La question, qui émaillera le débat animé par Julian Bugier, traverse la fiction adaptée du roman d'Anne Percin sans verser dans le pathos. La comédienne belge Émilie Dequenne (37 ans) y livre une partition toute en justesse face à l'étonnante Lorette Nyssen, jeune talent prometteur.

    Avez-vous hésité à incarner cette maman atteinte d'un cancer ?

    ÉMILIE DEQUENNE : Je n'ai même pas réfléchi car j'ai été embarquée par le scénario. Cette mère qui vit seule avec son ado me parle. Je ne suis pas célibataire mais j'ai un rapport fusionnel avec ma fille de 16 ans. Quand une maladie comme le cancer touche une personne, cela frappe aussi ses enfants, son conjoint, ses parents. La déflagration est terrible avec des dommages collatéraux.

    Le cancer, cela vous préoccupe ? Êtes-vous du genre à faire des contrôles régulièrement ?

    J'en fais régulièrement car j'ai un hamartome (NDLR : une tumeur bénigne) diagnostiqué il y a peu. C'est congénital. J'avais une boule dans le sein, on a cherché et j'ai eu le temps de me poser des questions.

    On se projette ?

    Forcément oui. J'avais presque la sensation en jouant cette maman atteinte d'un cancer du sein que c'était une façon de conjurer le sort. Si une difficulté me tombait sur le coin de la figure, comment ferais-je ? Ce téléfilm m'a fait du bien car tout y est joliment raconté. C'est presque une fable sur le cancer. Il est très lumineux, il est dans la vie : cette femme rencontre enfin un mec mais il lui manque un sein ! Cathy et sa fille vont chacune grandir dans l'épreuve.

    Incarner une femme diminuée dans sa féminité, qui perd ses cheveux et l'estime d'elle-même, cela remue ?

    On a tous vécu des expériences difficiles avec notre corps, avec des maladies plus ou moins bénignes qui peuvent avoir des conséquences sur notre rapport à notre physique, notre moral. La perte des cheveux ? C'était surtout technique : quatre heures de maquillage !

    Facile de jouer avec une adolescente ?

    Cela peut être compliqué si ces jeunes gens n'ont pas la passion. Chez Lorette, on sentait de l'amusement. Je me suis vue à travers elle car j'avais son âge quand j'ai tourné « Rosetta » (NDLR : film des frères Dardenne, palme d'or à Cannes en 1999 et pour lequel elle a reçu le prix d'interprétation féminine). J'ai retrouvé cet entrain, ce goût de bien faire.

    Est-ce un téléfilm militant ?

    Non. C'est une belle leçon de vie. La vie a des coins doux, des épines et on doit l'embrasser entièrement. Et la maladie fait partie de la vie. Moi, je me suis sentie portée.