Air France va tailler dans ses effectifs et son réseau court-courrier

Le groupe a officialisé son plan de suppression de 7 580 postes d’ici fin 2022.

 Le groupe Air France veut transférer à Transavia la majorité des vols intérieurs.
Le groupe Air France veut transférer à Transavia la majorité des vols intérieurs. AUBOIROUX ALAIN

    Même si les chiffres sont connus depuis le début de la semaine, Air France a officialisé, ce vendredi, le nombre de départs au sein du groupe fortement touché par la crise du coronavirus.

    Le groupe veut supprimer 6 560 postes en CDI équivalents temps plein (ETP) sur environ 41 000 au sein de sa compagnie historique, soit 16 % des effectifs d'Air France.

    Au sein de la filiale régionale Hop !, née en 2013 de la fusion des compagnies Brit Air, Régional et Airlinair, la réduction des effectifs sera encore plus sévère pour atteindre 40 % avec un 1 020 postes supprimés sur environ 2 400 emplois (ETP).

    « La crise est brutale et ces mesures sont d'une ampleur inédite », a reconnu la directrice générale Anne Rigail dans un message aux salariés que l'AFP s'est procuré. Elles comprennent également une « modération salariale, avec un gel des augmentations générales et individuelles (hors ancienneté et promotions) pour tous en 2021 et 2022 », y compris le comité exécutif d'Air France.

    Les directions ont détaillé les perspectives sur l'emploi dans les deux compagnies au cours de réunions programmées vendredi matin avec un comité social et économique central (CSEC) extraordinaire porte de Montreuil à Paris pour Air France et un CSE extraordinaire à l'aéroport de Nantes pour Hop !.

    Chez Air France, un peu plus de la moitié (3 500) des 6 560 postes à supprimer doivent l'être via des départs naturels non remplacés, selon un document donné aux syndicats. Du côté de Hop, 200 de ces postes supprimés sont concernés par cette procédure.

    Plus 2 500 postes pour le personnel au sol

    Le SNPL, syndicat majoritaire chez les pilotes, a déjà donné son feu vert à un tel dispositif prévoyant le départ volontaire d'ici la fin de l'année d'environ 400 pilotes, soit 10 % des effectifs de la catégorie. Les hôtesses et stewards négocient encore avec la direction, qui ambitionne de réduire « dès le 4e trimestre 2020 » un sureffectif estimé à 1 680 postes en 2021.

    Pour le personnel au sol, la direction cible 2 630 postes (hors départs naturels non remplacés) et s'oriente vers un projet de PDV-PSE (plan de départs volontaires-plan de sauvegarde de l'emploi) destiné à « accompagner les réductions d'emploi en privilégiant le volontariat. » Les fonctions support (services administratifs, etc.) comme les fonctions « opérationnelles » (mécaniciens, manutentionnaires, agent d'escales…) sont concernées et les premiers départs prévus début 2021.

    Pour le réseau court-courrier, si les départs volontaires ne sont pas suffisants et les mobilités géographiques refusées par les salariés, il pourrait y avoir des licenciements secs. Ce serait une première chez Air France.

    Des départs non remplacés chez Hop !

    Pour la filiale Hop !, la compagnie spécialiste des lignes interrégionales connaîtra des départs naturels non remplacés et un PDV-PSE pour l'ensemble du personnel. Sa flotte doit passer de 57 à une trentaine d'avions et se concentrer sur l'alimentation des hubs de Lyon et Paris-Charles-de-Gaulle, ce qui va entraîner la fermeture des sites de maintenance de Morlaix et Lille ainsi que la fermeture de 12 des 14 bases de personnel navigant, dont celles d'Orly et Toulouse.

    « La baisse durable d'activité et le contexte économique liés à la crise du Covid-19 imposent d'accélérer la transformation d'Air France », affirme la compagnie en disant vouloir privilégier « le volontariat et les mobilités » alors que l'État français, après avoir accordé à Air France-KLM un soutien financier de 7 milliards d'euros, dont 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90 % et 3 milliards de prêts directs, avait demandé au printemps au groupe franco-néerlandais d'améliorer sa rentabilité et son impact environnemental et d'entamer une réflexion sur son réseau en France.

    Restructuration difficile des vols intérieurs

    Et c'est là l'autre gros sujet. Les destinations au départ d'Orly disposant d'une alternative ferroviaire de moins de 2h30 et les routes transversales très déficitaires sont menacées.

    Le hic, c'est que Transavia est actuellement empêchée par des accords de périmètre d'assurer des vols intérieurs. Des négociations sont en cours sur ce sujet mais pourraient prendre du temps.

    Des négociations sont en cours entre Air France et ses pilotes pour permettre à Transavia d'assurer des vols intérieurs. À Orly, Transavia pourrait desservir Toulon, Montpellier, Perpignan, Biarritz et Brest, des lignes sur lesquelles HOP était jusqu'ici présente. Des grosses lignes transversales sont également au menu, vers Lyon notamment. De son côté, Air France continuera à assurer les navettes notamment vers Nice.

    En même temps, Transavia qui va devenir le premier opérateur à Orly devrait largement continuer à assurer ses dessertes vers l'Europe du Sud et le Maghreb.