À Besançon, une ligne de vêtements créée par des détenus

Quatre détenus de la maison d’arrêt de Besançon (Doubs) viennent de créer une ligne de vêtements avec un entrepreneur de l’Ain. Les premières pièces fabriquées au Portugal sont vendues sur Internet.

Besançon (Doubs), vendredi. Les détenus et leur employeur temporaire, Dereck Crochet, se retrouvent deux à trois fois par mois pour faire avancer la collection. PHOTOPQR/L'Est Républicain /Franck Lallemand
Besançon (Doubs), vendredi. Les détenus et leur employeur temporaire, Dereck Crochet, se retrouvent deux à trois fois par mois pour faire avancer la collection. PHOTOPQR/L'Est Républicain /Franck Lallemand

    Une nouvelle ligne de vêtements est née, sous la marque MayDay (le SOS des marins et des aviateurs). Une petite collection pas tout à fait comme les autres puisqu’elle a été conçue et dessinée par des détenus de la maison d’arrêt de Besançon (Doubs). Au total, cinq T-shirts, un jogging complet, deux pulls et un bonnet ont ainsi été créés. Tout commence avec Dereck Crochet, un jeune entrepreneur de 26 ans, habitant Ferney-Voltaire (Ain).

    « J’avais envie de travailler avec des personnes détenues, cela pouvait bien correspondre à la ligne de streetwear que je voulais lancer. J’ai contacté l’administration pénitentiaire qui a été partante après avoir bien appréhendé le projet. J’ai choisi de travailler avec la maison d’arrêt de Besançon car elle est de taille moyenne, je ne voulais pas d’une trop grosse structure et de longues peines. On a commencé à placarder une affiche dans la prison à destination des détenus. »

    « Ils dessinaient dans leur cellule »

    Une quinzaine de détenus ont répondu à l’annonce interne. « J’ai fait de vrais entretiens d’embauche et j’ai décidé de travailler avec quatre personnes, âgées de 22 ans à 47 ans, chacun avait des compétences qui ont permis d’avancer. » Toute la conception des vêtements a été assurée par ces quatre détenus, payés au smic horaire prison c’est-à-dire minoré de 55 %. « À partir d’avril, on se rencontrait environ trois fois par mois, ils se sont beaucoup investis dans le projet, ils en parlaient à leur famille dans le parloir, dessinaient dans leur cellule. »

    Les 1 800 premières pièces de la collection, fabriquées au Portugal, sont arrivées et commencent à être distribuées. « C’est principalement sur le web, mais on a proposé nos vêtements, une journée, dans une galerie commerciale. Cela a été bien reçu même si on nous a demandé si cela avait été fait par des meurtriers… »

    « C’est une première, note Patrick Lepouze, le directeur de la maison d’arrêt de Besançon, qui envisage d’autres collaborations avec des chefs d’entreprise. Cela montre que les détenus au travail peuvent faire autre chose que mettre des objets dans des sacs en plastique ou plier des cartons. C’est de la pure création. Personnellement, j’adore. Et il faut noter le logo de la marque, une abeille. Une abeille, c’est le vivre ensemble, c’est la République ! »