Coronavirus : un salarié sur deux au chômage partiel dans le privé

820 000 entreprises françaises ont fait des demandes de chômage partiel, qui concerne désormais plus de 10 millions de travailleurs.

 Plus de 20 milliards d'euros ont été provisionnés par l’Etat pour financer cette mesure de chômage partiel.
Plus de 20 milliards d'euros ont été provisionnés par l’Etat pour financer cette mesure de chômage partiel. LP/Fred Dugit

    La barre symbolique des 10 millions de salariés dans le privé qui bénéficient du chômage partiel dans le cadre des mesures de soutien à l'économie française dans le contexte de crise liée à l'épidémie de nouveau coronavirus vient d'être dépassée.

    « Ce matin en France, il y a 10 200 000 salariés du secteur privé qui sont au chômage partiel », a expliqué Muriel Pénicaud, la ministre du Travail sur BFM Business. « C'est plus d'un salarié sur deux et c'est six entreprises sur dix parce que c'est plus de 820 000 entreprises qui ont recours à ce dispositif », a-t-elle ajouté.

    Et tout porte à croire que ce chiffre va encore gonfler avant l'arrêt du confinement le 11 mai.

    Affiner le chômage partiel

    Plus de 20 milliards d'euros ont été provisionnés par l'Etat pour financer cette mesure qui permet au salarié de toucher 84 % de son salaire net et 100 % s'il est au Smic.

    Le gouvernement devrait décider ce mercredi de permettre aux entreprises d'effectuer une demande de chômage partiel pour un poste en particulier et ne plus être demandé systématiquement à l'échelle collective. L'objectif affiché est de pouvoir adapter l'activité des entreprises dans la perspective de la reprise.

    Muriel Pénicaud a assuré mardi sur RTL que la sortie du confinement, le 11 mai, ne signifiait pas la fin du chômage partiel, « sinon il y aurait des catastrophes », a-t-elle déclaré en ajoutant : « mais ça va être dégressif, au fur et à mesure que l'activité reprend, on a besoin de moins de chômage partiel », a-t-elle précisé.

    Préparer la reprise

    « Par exemple, si un chef d'entreprise qui a 100 salariés demain retrouve de l'activité, du marché, qui lui permet de rappeler 20 de ses salariés à ce moment-là on continuera le chômage partiel sur 80, ça pourra être dégressif en proportion de la remontée de l'activité. C'est important car ça permet de ne pas être dans le tout ou rien », a affirmé.

    Les embauches en panne

    Muriel Pénicaud a également incité les chefs d'entreprise à relancer leur activité, « s'ils le peuvent, c'est-à-dire s'ils retrouvent des marchés, s'ils mettent en place les guides de bonne pratique en termes de santé et de sécurité qu'on a fait secteur par secteur. »

    En même temps, le marché de l'emploi connaît une baisse historique. Selon l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), les déclarations d'embauches hors intérim de CDI ou de CDD de plus d'un mois ont connu une baisse mensuelle de 22,6 % en mars dans le privé ou dans le public pour les contrats de droit privé. Un sérieux coup d'arrêt alors qu'en janvier, les embauches augmentaient encore de 4,7 %.

    Sur le premier trimestre, les embauches reculent de 5,6 % par rapport au dernier trimestre de 2019 et de 9,2 % pour les CDD de moins d'un mois qui représentent les deux tiers des signatures de contrats de travail.

    Ainsi par rapport à la période précédente, ce sont près de 500 000 embauches en moins qui ont été réalisées par rapport aux 6,1 millions du dernier trimestre de 2019.