Coronavirus : une prime exceptionnelle pour les fonctionnaires mobilisés

La prime, qui pourra aller jusqu’à 1000 euros, devrait bénéficier à 400 000 agents, soit un fonctionnaire d’Etat sur cinq.

    Les « mal-aimés » de la Macronie – tels qu'ils se qualifiaient – retrouvent les faveurs du président de la République. Les fonctionnaires qui poursuivent leur mission de service public malgré le confinement, recevront une prime jusqu'à 1 000 euros, a annoncé ce mercredi Gérald Darmanin. « Ils font un travail extrêmement important et ils montrent que l'Etat est présent et protège les plus faibles », a ajouté le ministre de l'Action et des Comptes publics.

    Cette prime sera exonérée d'impôts et de cotisations sociales. Elle concernera certaines catégories de fonctionnaires, près de 400 000 agents. « Cette prime a été décidée par le président de la République, a expliqué le ministre sur Europe 1. […] Elle est prévue dans le projet de loi de finances rectificative », présenté ce mercredi en conseil des ministres, que l'Assemblée commencera à examiner dans la foulée. Pour la Fonction publique d'Etat, cette mesure, rarissime, représentera « un peu plus de 300 millions d'euros ».

    Concrètement, un fonctionnaire de la fonction publique d'Etat sur cinq devrait recevoir cette prime, soit 400 000 agents. Ceux qui sont directement aux prises avec l'épidémie seront les premiers concernés. « Les enseignants qui ont gardé les enfants de soignants par exemple, indique un haut fonctionnaire, mais aussi les surveillants pénitentiaires, les douaniers qui réalisent des opérations de contrôles, etc. »

    «Une traduction concrète de cette gratitude»

    « Chaque ministère déterminera les bénéficiaires parmi ses effectifs, indique Jean-Noël Barrot (MoDem), vice-président de la commission des Finances de l'Assemblée. Il était important qu'au-delà des mots, des applaudissements tous les soirs, l'Etat manifeste une traduction concrète de cette gratitude à leur égard. »

    « Nous sommes évidemment satisfaits, relève Luc Farre, le secrétaire général de l'Unsa Fonction publique, joint par téléphone. Mais les conditions nous surprennent : 400 000 bénéficiaires de cette prime, ce n'est pas beaucoup par rapport au nombre d'agents engagés sur le terrain, en première, mais aussi en deuxième et en troisième ligne. »

    Et le syndicaliste d'ajouter : « Quid des fonctionnaires qui n'auront pas de primes et à qui on va demander de prendre des jours de congé alors qu'ils sont dans des situations difficiles ? Je redoute un sentiment d'injustice. »

    Annulation de la suppression de postes à venir ?

    Les primes en question seront versées en fin d'état d'urgence sanitaire. Pour la fonction publique hospitalière, elles devraient monter jusqu'à 1 500 euros. « Pour la fonction publique territoriale, nous laisserons la possibilité aux maires de verser, s'ils le souhaitent, et je sais que beaucoup le souhaitent, cette prime » à leurs agents, a indiqué Gérald Darmanin.

    Il s'agit là, notamment, des milliers d'aides-soignants qui travaillent dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Pour les agents de la fonction publique d'Etat, le versement de la prime n'est pas inscrit dans le Budget modifié qui sera voté à l'Assemblée. Bercy prendra en charge directement cette enveloppe.

    Autre effet de la crise sanitaire, les projets de coupes dans les effectifs ont été jetés aux oubliettes. « L'objectif de 50 000 suppressions de postes de fonctionnaires sur la durée du quinquennat avait été abandonné après le grand débat nationa l, relève Laurent Saint-Martin (LREM), le rapporteur général du Budget. Nous étions passés à 10 500, mais ce sujet-là n'est plus à l'ordre du jour, c'est clair ».