Qui va sauver Duralex ? L’avenir de la célèbre verrerie en suspens

Le tribunal de commerce d’Orléans (Loiret) étudie ce mercredi trois offres de reprise, dont un projet de SCOP, dans l’espoir de relancer la verrerie, en redressement judiciaire depuis bientôt trois mois.

Depuis qu’elle a été vendue par Saint-Gobain en 1997, Duralex a connu de nombreux déboires, avec quatre redressements judiciaires et autant de propriétaires. LP/ Enzo Sultan
Depuis qu’elle a été vendue par Saint-Gobain en 1997, Duralex a connu de nombreux déboires, avec quatre redressements judiciaires et autant de propriétaires. LP/ Enzo Sultan

    Le sort de la célèbre verrerie et de ses 228 salariés, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), se retrouve une fois de plus entre les mains du tribunal de commerce d’Orléans. Les juges se réunissent ce mercredi 17 juillet pour examiner les offres de reprise de cette entreprise iconique, connue dans le monde entier pour ses verres de cantine et sa vaisselle bon marché réputée quasi incassable.

    Il y a un peu plus d’un mois lors d’une précédente audience, quatre candidats potentiels avaient fait part de « marques d’intérêt » pour relancer Duralex, en redressement judiciaire depuis le 24 avril après avoir été lâché par la Maison française du verre, également propriétaire de Pyrex, qui l’avait racheté en 2021.

    Finalement, les juges ont reçu trois dossiers, dont un projet de SCOP (Société coopérative et participative) annoncé depuis plusieurs semaines, qui a été élaboré par la direction actuelle du site. Il prévoit la reprise de l’ensemble du personnel et des investissements pour redresser la verrerie, en grave difficulté en raison de la hausse du coût de l’énergie et d’un recul de ses ventes.

    « La France a déjà perdu un certain nombre de ses fleurons »

    La proposition a séduit les élus locaux. La métropole d’Orléans qui juge l’offre « très solide » a promis de racheter le site si la SCOP était validée, afin d’aider à convaincre les banques. « La France a déjà perdu un certain nombre de ses fleurons, il ne faut pas qu’elle en perde un de plus dans les jours qui viennent », a argumenté le maire Serge Grouard, lors du conseil métropolitain de juin dernier.

    Mais ce projet, même s’il est le mieux disant sur le plan social, divise les syndicats. Du côté de la CFDT, on se montre très confiant. « La SCOP a notre soutien et c’est le bon moment pour le faire. Plus tard, il sera trop tard. Nous ne voulons plus revivre ce que nous avons subi avec Pyrex et nous retrouver à nouveau au tribunal », explique un syndicaliste qui assure que la moitié des salariés sont prêts à investir dans la coopérative.

    Duralex International est une entreprise française, implantée à La Chapelle-Saint-Mesmin dans le département du Loiret, qui fabrique de la vaisselle en verre trempé.
    Duralex International est une entreprise française, implantée à La Chapelle-Saint-Mesmin dans le département du Loiret, qui fabrique de la vaisselle en verre trempé. LP/Arnaud Journois

    La CGT, elle, se montre au contraire très méfiante. « Tout le monde veut nous vendre ce projet, mais cela ne tiendra pas », pronostique le délégué François Dufranne, qui, lui, préfère soutenir un autre candidat, la holding Tourres et Cie, pourtant moins favorable sur le volet social avec une cinquantaine de licenciements envisagés.

    Son dirigeant, Adrien Tourres, déjà propriétaire de deux verreries (La Rochère et Waltersperger) et issu d’une vieille famille de verriers normands, est venu présenter son projet aux salariés durant trois heures le 8 juillet. « Il sait de quoi il parle », poursuit le syndicaliste. « Il y a de la casse sociale mais on voit qu’il a envie de faire tourner la boîte, et il pourrait réembaucher ensuite, pour remonter en volume. »

    Valse de propriétaires depuis plus de quinze ans

    Quant à la troisième offre, portée par la société Carlesimo Investissements, un groupe industriel qui détient deux fonderies, elle prévoit de conserver seulement 75 salariés, ce que tout le monde se refuse à envisager.

    Il revient maintenant aux juges de trancher, dans l’espoir que l’entreprise, en difficulté depuis des années, pourra cette fois se relancer sur le long terme. Mais l’inquiétude reste vive pour l’avenir de la verrerie et de sa marque, emblème internationalement connu du Made in France.

    Depuis qu’elle a été vendue par Saint-Gobain en 1997, l’entreprise, dont le chiffre d’affaires est tombé à 24,6 millions d’euros en 2023 contre plus de 31 millions en 2022, a connu de nombreux déboires, avec quatre redressements judiciaires et autant de propriétaires dont aucun, pas même Pyrex auquel tout le monde avait cru, n’a jamais réussi à renouer avec une prospérité durable.