Fresque sur la loi Travail : l'auteur est «content de provoquer le débat»

Grenoble (Isère). Cette fresque sur la Loi travail suscite une certaine polémique.
Grenoble (Isère). Cette fresque sur la Loi travail suscite une certaine polémique. Goinart.net

    Il estime avoir atteint son but. L'artiste anonyme Goin, qui a réalisé sur un mur de Grenoble (Isère) une fresque au sujet des manifestations contre la loi Travail qui suscite la polémique, «trouve les réactions exagérées. Mais je suis content que cela provoque le débat, c'est le but de mon travail... Certains diront même de l'art».

    La fresque représente une Marianne, allégorie de la République, tenant un drapeau français en partie déchiré. Elle est au sol, matraquée par deux policiers. L'un d'eux est équipé d'un bouclier sur lequel est écrit «49.3», référence à l'article de la Constitution utilisé pour faire adopter en première lecture le projet de loi Travail, contesté dans la rue depuis plusieurs mois. Le titre «l'Etat matraquant la liberté» a été ajouté vendredi, au lendemain de la réalisation de l'oeuvre, afin de souligner que, plus que les policiers, c'est l'Etat qui est critiqué.

    «L'art subversif est une arme d'évolution massive»

    Interrogé par Leparisien.fr, Goin juge qu'«avec l'état d'urgence et le 49.3 la France des Lumières s'obscurcit rapidement. Charlie est bien loin déjà...», dit-il en référence à la défense de la liberté d'expression exprimée dans la rue dans la foulée de l'attentat contre «Charlie Hebdo» commis le 7 janvier 2015. Il accuse également l'Etat de «prendre en otage notre démocratie  au profit du totalitarisme marchand». Et d'ajouter, à propos de sa fresque, que «beaucoup de gens ne voient pas les bienfaits de l'art subversif et engagé pour notre société. C'est une arme d'évolution massive à ne pas négliger!»

    Abondant dans son sens, Jérôme Catz, organisateur du festival d'art de la rue Grenoble street art fest (dans le cadre duquel la fresque a été réalisée), a déclaré au «Dauphiné» : «Si une oeuvre d'art fait réagir, c'est bien. C'est aussi le but de l'art.» A contrario, Jean-Pierre Barbier, président LR du conseil départemental de l'Isère, a accusé, selon France bleu Isère, cette fresque de «fouler aux pieds le symbole de l'Etat et de l'autorité dont nous avons tant besoin». Le syndicat SGP-Folice FO de Grenoble n'a pas exclu de porter plainte. Quant au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, il a fait part, sur Twitter, de son «soutien aux policiers» de Grenoble et de son souhait que le maire (EELV) Eric Piolle exprime des «regrets».

    Ce lundi, Eric Piolle a défendu la réalisation de cette fresque au nom de la liberté d'expression et invoquant également «Charlie Hebdo». «On comprend bien sûr l'émoi de la police. Mais comprendre cet émoi ne veut pas dire s'asseoir sur les textes fondateurs de la République. La liberté d'expression fait partie des bases fondamentales de la République. C'est ce que nous défendons tous et ce que la police a défendu après les attentats contre Charlie Hebdo», estime-t-il.