La maison mère de Casino placée sous procédure de sauvegarde

Casino, qui gère les enseignes Monoprix, Franprix, Leader Price, Naturalia ou Cdiscount, est en mauvaise passe. Sa maison mère, Rallye, a été placée sous le régime de la procédure de sauvegarde pour une période de six mois.

 Casino a fait, ces derniers mois, l’objet de violentes attaques spéculatives.
Casino a fait, ces derniers mois, l’objet de violentes attaques spéculatives. LP/Anne-Laure Abraham

    C'est une folle journée qu'a vécu ce jeudi le groupe Casino. Après avoir dévissé en bourse la veille, le titre Casino, comme celui de sa maison mère Rallye, ont été suspendus dans la matinée. Dans la soirée, coup de théâtre, Rallye, la maison mère du groupe de grande distribution, annonçait avoir demandé et obtenu du tribunal de commerce de Paris, qui a nommé deux administrateurs judiciaires, l'ouverture d'une procédure de sauvegarde de six mois.

    Objectif affiché : geler le paiement des dettes qui s'élèvent à 3,3 milliards d'euros, le temps de mener à bien la restructuration financière du groupe et garantir sa pérennité. « Ces procédures (NDLR : pour Rallye, deux filiales et trois sociétés) ne concernent pas le Groupe Casino, ni ses activités, ni ses collaborateurs, ni la poursuite de son plan stratégique en cours d'exécution », a précisé Casino, ce jeudi soir.

    Casino a déjà dégraissé

    En tout cas, voilà bientôt quatre ans que l'endettement du groupe dirigé d'une main de fer par Jean-Charles Naouri depuis 27 ans est pointé par les agences de notations comme par les investisseurs : fin 2015, déjà, critiquée par le fondateur d'un célèbre fonds américain, l'action avait plongé. Ces dernières semaines, les critiques sont à nouveau allées crescendo. Et, depuis début mars, les actions Rallye et de Casino, qui possède les enseignes Monoprix, Franprix, Leader Price, Géant Casino, Cdiscount, etc. ont perdu plus d'un tiers de leur valeur !

    Pour se renflouer financièrement, le distributeur a déjà mis en place un vaste plan de cession – de 1,5 milliard d'euros annoncé à l'été 2018, et porté à 2,5 milliards en mars 2019. Parmi les actifs vendus : l'enseigne Mercialys (valorisation des centres commerciaux), R2C (restauration collective), les murs de 67 Monoprix ainsi que sept hypermarchés (Géant) et 33 magasins. Sans oublier l'enseigne Courir, « revendue 283 millions d'euros en février 2019 », rappelle-t-on chez Casino.

    « Leur besoin de cash est évident », pointe David de Matteis, consultant chez OC & C Strategy, qui souligne que tout en se désendettant, « le groupe Casino a aussi procédé à des rachats importants, comme celui de Sarenza en 2018. L'enseigne a visiblement surestimé la capacité de ces enseignes à ramener des liquidités ».

    La difficile concurrence du e-commerce

    Mais la principale explication de cette crise est la difficulté dans laquelle se trouvent les hypermarchés, qui ne cessent de perdre des parts de marché face au e-commerce – encore en hausse de 11,9 % au 1er trimestre 2019, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad). Dans l'Hexagone plus encore qu'ailleurs, car avec 7,1 % des produits de grande consommation désormais vendus sur Internet, la France est leader en Europe, et même loin devant les États-Unis (5,6 %). Drive, essor du bio… Ces enseignes se renouvellent pourtant beaucoup, mais pas assez vite pour compenser des évolutions sociologiques majeures.

    Et maintenant ? Si la cotation de l'ensemble des titres reprendra ce vendredi à l'ouverture du marché, l'inquiétude ronge évidemment les quelque 75 000 salariés du groupe en France. « Au vu de ce qui vient d'être annoncé, l'avenir passera sûrement par une restructuration des hypermarchés », pronostique le consultant spécialisé David de Matteis.