35 heures : à Hambach, Smart relance la lutte des classes

LE FAIT DU JOUR. A l'usine Smart d'Hambach, en Moselle, les salariés sont divisés sur le projet de la direction de passer aux 39 heures. La commune aussi, dépassée par l'enjeu national.

35 heures : à Hambach, Smart relance la lutte des classes

    Jamais le paisible village d'Hambach, en Moselle, n'aurait imaginé se retrouver sous les feux des projecteurs. Il y a quelques semaines, pourtant, un simple sondage organisé au sein de l'usine Smart, propriété du constructeur automobile allemand Daimler et implantée sur la zone industrielle de la commune, est devenu un enjeu national. Dans le cadre d'un pacte 2020, la direction propose à ses 800 salariés de revenir temporairement à 39 heures de travail hebdomadaires. En échange : une hausse de salaire (120 â?¬ brut par mois, plus une prime de 1 000 â?¬ payée sur deux ans) et un maintien de l'emploi garanti pendant cinq ans.

    « C'est vraiment un hasard du calendrier, s'étonne encore Philippe Steyer, le directeur des ressources humaines (DRH) de Smart. On se retrouve un peu malgré nous invités dans le débat sur les 35 heures. » Depuis la publication des résultats du sondage, le 11 septembre, l'usine mais aussi le village sont coupés en deux. Et les syndicats se font la guerre, qui pour bloquer l'accord, qui pour le faire passer.

    A Hambach, nous sommes allés à la rencontre des habitants et des salariés de Smart. Les langues ne se délient pas facilement. Certains préfèrent garder leur opinion pour eux. Par crainte de ce que pourraient penser leurs collègues. Et encore plus leurs patrons. D'autres estiment au contraire que « le cas Smart » est un laboratoire, dans lequel le reste du pays doit puiser un enseignement. A Hambach, comme dans le reste de la France, le débat fait donc rage.

    Une refonte complète du Code du travail

    Quinze ans après son adoption, l'une des réformes les plus emblématiques de la gauche se retrouve fortement remise en cause. Par l'opposition, qui plaide pour un retour pur et simple aux 39 heures. Mais aussi dans son propre camp. Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, s'en était pris au temps de travail en vigueur en août devant le Medef. Et, quelques jours plus tard, le très attendu rapport Combrexelle commandé par le Premier ministre sur la réforme du droit du travail avait lui aussi évoqué sa remise en question. L'idée n'a pas été retenue par Manuel Valls, le ministre a été recadré.

    Il n'empêche : une refonte complète du Code du travail fait, elle, consensus. Un livre, publié récemment par Robert Badinter et le professeur de droit Antoine Lyon-Caen, a mis le sujet sur la table (lire page 4). Deux rapports, l'un de Terra Nova (un think tank proche du PS), l'autre de l'Institut Montaigne, de tendance libérale, ont été consacrés au sujet. Un projet de loi sera voté avant l'été 2016. François Hollande et Manuel Valls ne font pas mystère de vouloir donner plus de latitude aux accords de branches, voire d'entreprises. Comme Smart. Hambach n'a pas fini de faire parler de lui.