Législatives : duel serré à Macron-Plage

Dans la circonscription du Touquet, où le couple présidentiel possède une maison, le député-maire (LR) Daniel Fasquelle fait la course derrière le candidat En Marche !... associé à la fille de la première dame.

Auchy-lès-Hesdin et Le Touquet (Pas-de-Calais), mardi 13 juin. Tiphaine Auzière, suppléante du candidat En Marche ! et belle-fille du président de la République, attise la curiosité des électeurs. Ils ont d'ailleurs donné au tandem une avance de cinq points au premier tour sur le sortant Daniel Fasquelle, poids lourd des Républicain. 
Auchy-lès-Hesdin et Le Touquet (Pas-de-Calais), mardi 13 juin. Tiphaine Auzière, suppléante du candidat En Marche ! et belle-fille du président de la République, attise la curiosité des électeurs. Ils ont d'ailleurs donné au tandem une avance de cinq points au premier tour sur le sortant Daniel Fasquelle, poids lourd des Républicain.  (LP/SARAH ALCALAY)

    Tiphaine Auzière, fille cadette de Brigitte Macron, n'est pas une suppléante de l'ombre, une colistière ordinaire. Mardi soir, lors d'un mini-meeting à la salle des fêtes d'Auchy-lès-Hesdin décorée de ballons et de drapeaux tricolores, c'est elle la plus sollicitée pour le selfie souvenir. «Souvent, les gens viennent me voir et me disent : Vous ressemblez beaucoup à votre maman! Cela aide à commencer une discussion», décrit l'avocate de 32 ans.

    Sur scène, c'est aussi elle qui orchestre les échanges sur la ruralité et la chasse en présence de l'ex-ministre de l'Agriculture François Patriat, socialiste devenu Marcheur. «Elle va au charbon, elle a des convictions, elle ne débarque pas avec un badge Belle-fille du président», apprécie Thibaut Guilluy, 40 ans, chef d'entreprise «humaniste» et candidat titulaire la République en marche (LREM). Avec plus de 35 % des suffrages, ce «binôme de choc» de la République en marche est arrivé en tête au premier tour dans la 4e circonscription du Pas-de-Calais, distançant de 4 points le député sortant LR Daniel Fasquelle, 54 ans, maire du Touquet.

    Dans la chic station balnéaire, où le chef de l'Etat et son épouse possèdent leur résidence secondaire (et votent), Guilluy s'est même offert le luxe de devancer son rival. Le résultat de ce duel très serré est entre les mains des électeurs du FN (14,5 % au premier round), de la France insoumise (7,5 %), du PS (6,1 %). Et surtout des abstentionnistes (43,7 %).

    Ces boudeurs d'urnes, Daniel Fasquelle, mocassins et chemise à bandes bleues, en a fait sa priorité. «On va les chercher un à un avec la pince à sucre», décrit le trésorier des Républicains. Il est confiant. «C'est ma campagne qui décolle !» réagit-il en posant, devant notre objectif, face à un avion du carrousel de la place du Centenaire, au Touquet. Selon lui, ses rivaux ont «fait le plein des voix» et ne disposent plus de réserves.

    Sous surveillance policière

    «Moi, je ne calcule pas comme ça, c'est très réducteur. On a un projet, on le porte», réplique Tiphaine Auzière, queue-de-cheval, jeans slim et bottillons. A la tribune, elle a tout de la bonne élève. Applaudit quand la salle applaudit. N'a pas un mot plus haut que l'autre. Au micro, elle défend le programme d'«Emmanuel Macron» comme elle l'appelle. Elle note les doléances des citoyens croisés sur son chemin, et les transmet, parfois de vive voix, à son beau-père à l'Elysée. A ses yeux, ce «lien de famille» n'est «pas un poids», bien au contraire. «Mais je n'en joue pas», assure celle qui paie le prix de sa notoriété, placée depuis peu sous surveillance policière après qu'elle a reçu des «menaces». Elle accepte sans sourciller la lumière des projecteurs. «Si cette médiatisation peut permettre à Thibaut d'être élu, c'est avec plaisir», s'enthousiasme-t-elle.

    «C'est du cinéma», peste un retraité du Touquet, inconditionnel de Fasquelle. Ce dernier met, lui, en avant son «authenticité». «J'ai grandi dans les fermes du Pas-de-Calais, je suis fils de commerçant. La vie des habitants ici, je la partage», vante-t-il.

    Si ses coups de griffes épargnent la suppléante cathodique, il se rattrape sur le «parachuté» Thibaut Guilluy, qui «n'habite pas dans la circonscription». Il envisage d'ailleurs - en cas d'élection - de déposer un amendement obligeant chaque candidat à résider depuis au moins un an dans la circonscription pour pouvoir se présenter. «Il agit comme un désespéré», rétorque le mis en cause, domicilié à Lille, mais qui a «grandi» dans la «circo» à Etaples. Il a même repeint sa salle de bains en jaune et bleu, les couleurs du club de foot local.

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