Présidentielle : la campagne de Marine Le Pen patine et... dérape

FN. En affirmant dimanche que la France n'était « pas responsable » de la rafle du Vél d'Hiv, la candidate a provoqué une vive polémique. Avec, peut-être, un impact électoral...

Paris (VIIIe), le 10 avril. Avec sa déclaration polémique sur la rafle du Vél d’Hiv, Marine Le Pen pourrait avoir du mal à élargir son électorat.
Paris (VIIIe), le 10 avril. Avec sa déclaration polémique sur la rafle du Vél d’Hiv, Marine Le Pen pourrait avoir du mal à élargir son électorat. LP/OLIVIER CORSAN

    Marine Le Pen aurait-elle fait sa première grosse faute de carre à deux semaines du premier tour de la présidentielle? En assénant dimanche que « la France n'était pas responsable de la rafle du Vél d'Hiv », la candidate FN a en tout cas allumé une sacrée polémique. La plus grosse depuis le début de sa campagne où elle s'emploie à apparaître sous un jour rassurant. Loin, très loin des provocations de son père. Et le communiqué qu'elle a publié dans la foulée de son interview dimanche (où elle précisait qu'elle était dans la logique du général de Gaulle en distinguant Vichy de la France qui « était à Londres sous l'Occupation ») n'a pas suffi à éteindre l'incendie.

    Les associations juives l'accusent de « révisionnisme » et ses adversaires politiques montent au créneau. Lundi, François Fillon a martelé : « La vérité, c'est que le Vél d'Hiv a été un crime commis par l'Etat français. » Des propos dans la droite ligne du discours de Jacques Chirac en 1995 qui avait reconnu la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d'Hiv et ses 13 000 juifs déportés en juillet 1942. Et le candidat LR d'enfoncer : « Je trouve que le Front national est extrêmement mal placé pour parler de ces sujets, lui qui compte dans ses rangs beaucoup de nostalgiques du régime de Vichy. »

    «Pour faire de la surenchère avec Fillon ?»

    L'onde de choc s'est même propagée au-delà des frontières françaises. L'Etat d'Israël a condamné les déclarations de la patronne du FN « contraires à la vérité historique telle qu'elle a été exprimée par les déclarations des présidents de France ».

    Bref, un tollé dont la candidate se serait sans doute bien passée. Lundi, elle s'insurgeait contre « une instrumentalisation politique » dans « le Figaro ». « Marine Le Pen a fait une énorme gaffe, s'étonne le chercheur et spécialiste de l'extrême droite Sylvain Crépon (lire le détail de son interview ICI). Elle s'est peut-être aventurée sur ce terrain pour faire de la surenchère avec Fillon qui s'insurge comme elle contre la repentance. Mais pourquoi donc parler de la Seconde Guerre mondiale? » Un sujet sensible au FN. Les provocations de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz « détails de l'histoire » sont encore dans tous les esprits... Même si Marine Le Pen est loin de suivre les traces du fondateur du FN : « En affirmant que Vichy était un Etat collabo et illégal, elle prend même le chemin inverse de celui de son père », nuance le chercheur Jean-Yves Camus.

    «Elle n'est pas dans une dynamique»

    A terme, ces propos controversés auront-ils un impact électoral pour la candidate ? « Ceux qui sont sûrs de voter pour elle — et elle dispose du socle électoral le plus solide — ne vont pas changer d'avis. Mais elle risque d'avoir du mal à élargir son électorat après de telles déclarations », anticipe Sylvain Crépon.

    D'autant que cette polémique intervient alors que la campagne de Marine Le Pen connaît un petit coup de mou. Elle semble certes toujours assurée de passer le 1er tour, mais elle stagne dans les sondages. La faute à une campagne qui manque de rythme ? « Lors de ses meetings, elle répète inlassablement ce qu'elle a dit au précédent. Elle n'est clairement pas dans une dynamique à la Mélenchon », constate Jean-Yves Camus. Pas question pour autant de changer de stratégie. Comme le résume ce cadre FN : « Elle reste très haut dans les sondages, et on va continuer à dérouler sereinement nos propositions. »

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