Présidentielle. Macron défend l'ENA : «J'ai la tête d'un moule ?»

Se défendant d'être un «produit du système», le candidat Emmanuel Macron a profité d'être interpellé par un passant, à Clermont-Ferrand, pour défendre l'Ecole nationale d'admnistration. «J'ai la tête d'un moule ?» a-t-il notamment lancé.

    Inspecteur des finances, ex-banquier d'affaires, énarque... Le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron n'a de cesse, depuis son passage au ministère de l'Economie, de se défendre d'être un «produit du système», coupé des réalités de terrain et des préoccupations des Français. D'autant qu'au cours de ces dernières années, quelques maladresses mémorables, des «illettrées de chez Gad» aux jeunes qui doivent vouloir devenir des millionnaires, n'ont pû qu'alimenter cette image. Ce samedi encore, l'ancien ministre a dû se justifier sur son parcours. Interpellé par un passant lors de sa visite d'un marché de Clermont-Ferrand, Emmanuel Macron a notamment défendu l'ENA, «une école de la République» qui permet de lutter selon lui contre «le recrutement par copinage».

    «J'ai la tête d'un moule ? Vous trouvez ? Je vous donne le sentiment d'être fait dans un moule ?» a-t-il insisté, attaqué sur sa formation. «Ben, l'ENA ce n'est pas un moule, c'est un moule pour qui veut le devenir. (...) Avant que ce soit l'ENA, c'était quoi? C'était le recrutement par copinage, par concours de bonnes manières, parce qu'on avait un parent ou un cousin qui était déjà dans la fonction publique. Moi, je préfère les concours de la République, ils sont méritocratiques», a pris le temps de défendre l'ancien ministre.

    «Certains hauts fonctionnaires trop protégés»

    Et d'insister plus tard auprès de l'AFP : «Le vrai scandale, ce n'est pas l'ENA. C'est qu'il y a moins d'enfants de paysans ou d'ouvriers qui arrivent à l'ENA. Les épreuves qui sont mises au concours d'entrée parfois creusent encore ces injustices. C'est contre ça que je veux me battre», a-t-il fait valoir, avant de pointer du doigt «certains hauts fonctionnaires trop protégés».

    «Ça, il faut le revoir mais pas en les stigmatisant. Il faut simplement qu'ils aient les mêmes règles que les autres, qu'ils aillent prendre aussi des risques», a-t-il conclu, visiblement impliqué dans la défense de la grande école de l'administration.

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    L'ex-banquier est désormais coutumier des petites phrases qui choquent ou font sourire. En septembre dernier, en déplacement dans une exploitation agricole et interrogé sur sa future candidature pas encore officialisée, il avait rétorqué «ne pas être là pour beurrer des tartines !»

    Conserver, réformer ou supprimer ?

    Par ailleurs, ce n'est pas la première fois que l'ENA s'invite dans cette campagne présidentielle. Ancien élève et candidat malheureux de la primaire de la droite en novembre, Bruno Le Maire avait même proposer de la supprimer. «Elle a rempli son office pendant des années, formé des fonctionnaires de grande qualité. Mais nous entrons dans un monde nouveau : celui des entrepreneurs, de la créativité, de l'innovation. L'ENA sera supprimée et remplacée par une école d'application sur le modèle de l'École de guerre, à laquelle les hauts fonctionnaires les plus méritants pourront avoir accès au bout de dix ans, pour leur permettre de franchir une nouvelle étape dans leur parcours professionnel», avait-il argumenté dans Le Parisien.

    A gauche aussi, quelques voix s'élèvent contre la grande école. Arnaud Montebourg, qui lui a échoué au concours d'entrée, la qualifie d'«école de l'arrogance» et souhaite la réformer en profondeur.