Présidentielle : Macron - Le Pen, la guerre des images

Fait du jour. Cette semaine l'a bien montré, Marine Le Pen et Emmanuel Macron s'affrontent par médias interposés, soucieux de l'image qu'ils renvoient ! Une image qui ne doit rien au hasard.

    Une scène, deux images. Marine Le Pen débarquant à l'improviste sur le site de l'usine Whirlpool d'Amiens. Emmanuel Macron pris de court et qui en fait autant quelques instants plus tard. Une scène inédite dont seule la politique a le secret, retransmise en temps réel par les chaînes d'info continue et largement commentée sur les réseaux sociaux. Mercredi, l'entre-deux-tours est entré dans sa phase paroxystique, une dramatisation digne d'un feuilleton télé. Offrant là une séquence dont on se souviendra très longtemps. Le poids des mots, certes. Mais surtout le choc des photos.

    A dix jours du second tour, les deux finalistes ont décidé de se rendre coup pour coup. Une guerre de l'image avec la candidate du FN qui tente, pour le moment, d'imposer son tempo, du moins sur le plan médiatique. Mardi matin à l'aube sur le marché de Rungis, mercredi à Amiens et jeudi dès potron-minet à bord d'un chalutier au large du Grau-du-Roi (Gard). Une candidate au milieu de cette France qui se lève tôt. Ce à quoi le candidat d'En marche! réplique par un déplacement à Sarcelles (Val-d'Oise) dans l'après-midi, prévu la veille, au pied des tours et au milieu de jeunes enfants et adolescents métissés criant « Macron président! ». « Madame Le Pen, elle ne peut pas venir dans un quartier comme celui-ci. Car qu'est-ce qu'elle veut? Elle veut qu'ils s'en aillent », balance-t-il, avant de tirer un pénalty face caméra.

    Dire que les deux adversaires ont prévu de soigner leur communication est un euphémisme. Macron ne laisse rien au hasard. C'est cette vidéo au milieu des salariés de Whirlpool, retransmise en direct sur son compte Facebook, et bien sûr mise à la disposition des médias. Cette image au trébuchet, il la travaille avec une poignée de très proches.

    Symboles

    Comme Marine Le Pen. « Chez nous, pas de gourous, ni conseiller com! » se défend son directeur de campagne, David Rachline. « On gère ça au sein d'une petite équipe, on lui suggère des idées, mais c'est toujours elle qui est à l'initiative et qui tranche au final », reprend Philippe Olivier, son beau-frère, responsable de la cellule Idées et image. Le coup d'Amiens? « Totalement improvisé, au feeling », dit-on. Mais jamais dénué d'arrière-pensées politiques. « On était en réunion, elle voyait les images de Macron avec l'intersyndicale à la télé. Puis elle a décidé d'y aller, comme ça, à l'instinct », poursuit-il. Même chose pour son affiche de campagne. « Marine avait posé quelques principes. Elle voulait se mettre en situation de présidente de la République, d'où le bureau avec la bibliothèque derrière, une posture régalienne et surtout féminine », enchaîne Olivier. Quant au genou apparent? « Totalement volontaire aussi. C'est un signe de liberté, pour dire qu'en France les femmes s'habillent comme elles le veulent. »

    Les symboles, toujours les symboles. Et les deux concurrents n'ont pas fini de s'envoyer des cartes postales. « On promet d'autres déplacements surprises dans les prochains jours », assure l'entourage de Marine Le Pen. Ce vendredi, l'ancien ministre de l'Economie se rendra pour sa part à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), village massacré par les SS en juin 1944. Tout sauf un hasard, bien sûr... « Quand vous avez face à vous une candidate qui renouvelle ce qu'elle a pu dire sur le Vél d'Hiv, qui est l'héritière directe et assumée de quelqu'un qui a porté le négationnisme en France, bien sûr que cela a du sens », jure Macron.