VIDEO. Taubira appelle à voter Macron mais refuse de faire du «chantage»

Fervente soutien de Benoît Hamon durant la campagne, Christiane Taubira a soutenu mardi dans les médias le vote Macron. Un vote en aucun cas d'adhésion et qu'elle ne veut pas imposer aux citoyens. 

L'ex-ministre Christiane Taubira appelle à voter pour Emmanuel Macron, «sans "arrangement, pacte ni faux-semblant».
L'ex-ministre Christiane Taubira appelle à voter pour Emmanuel Macron, «sans "arrangement, pacte ni faux-semblant». LP/OLIVIER CORSAN

    C'est d'un air grave mais jamais fataliste que Christiane Taubira s'est adressée à la jeunesse ce mardi soir. L'ancienne Garde des sceaux a réitéré son appel à voter pour Emmanuel Macron dimanche, au second tour de l'élection présidentielle, comme plus tôt dans Le Monde, tout en rappelant qu'il s'agit d'«un acte de raison», pas d'«un geste d'enthousiasme».

    «Je ne vous parle pas d'adhérer à son programme, s'est-elle expliquée dans une courte vidéo pour le média pop culture Konbini. Je ne vous propose pas de vous laisser envoûter». Celle qui fut un soutien actif du socialiste Benoît Hamon pendant la campagne s'est même dit «triste pour celles et ceux qui ont vécu leur première campagne», ternie selon elle par les démêlés judiciaires de François Fillon et Marine Le Pen.

    "Le FN rendrait la société française plus vulnérable, plus divisée, plus meurtrie, l'Europe plus faible, le monde plus dangereux" Le Speech de Christiane Taubira

    Posted by Konbini on Tuesday, May 2, 2017

    Pas question donc de forcer la main des jeunes citoyens tentés par l'abstention. «Je ne vous dirai pas non plus que si vous n'y allez pas, ce serait l'apocalypse, ça ressemblerait à du chantage», pose-t-elle. Sans citer nommément la candidate frontiste, elle souligne tout de même les dangers potentiels de son arrivée à l'Elysée. «A coup sûr, le FN rendra la société française plus vulnérable, plus divisée, plus meurtrie, l'Europe plus faible et le monde plus dangereux», met-elle en garde.

    «Nous n'appelons pas à un front républicain»

    Quant au leadeur du mouvement d'En marche!, Christiane Taubira l'enjoint à écouter et respecter la voix de la jeunesse. Au risque que celle-ci se retourne contre lui. «Si Macron entend l'affirmation de votre présence et de votre volonté, nous verrons bien, mais cela signifierait que nous l'aurons fait plus grand qu'il ne l'était. S'il ne l'entend pas, nous serons là pour le lui rappeler aussi souvent que nécessaire, aussi bruyamment que nécessaire, aussi résolument que nécessaire.»

    En mars, lors d'un meeting de Benoît Hamon, Christiane Taubira avait raillé l'ancien ministre de l'Economie qui incarne, selon elle, la «tentation de papillonner, de picorer ici et là, de transformer un programme en happening et de confondre un projet avec un biopic». En janvier dans Les Inrocks, elle s'était littéralement dite «atterrée par son effet sur les jeunes esprits»: «Quand on a plus de trente ans d'engagement, qu'on a pris au sérieux la politique, qu'on a accepté de prendre des coups, qu'on a vu ses enfants prendre des coups, qu'on a vu des gens souffrir, on connaît la différence entre les politiques de gauche et de droite», lui reproche-t-elle.

    Plus tôt dans la journée de mardi, la Guyanaise s'était également exprimé dans une tribune pour Le Monde sur le vote Macron. «Moi aussi, je préférerais ne pas. Et pourtant, il faudra. Non, il ne faudrait pas. Il faudra, avance Mme Taubira, qui a critiqué à plusieurs reprises son ancien collègue du gouvernement. Aussi, n'en appelons-nous pas à un front républicain. Ni arrangement ni pacte ni faux-semblant. Nous en appelons à ce que nous nous devons et ce que nous devons aux autres».