Dans le Gard, cet autocar carbure au marc de raisin

L’agence régionale de transport teste un nouveau bioéthanol, le Ed95, distillé à Vauvert. Les rejets de CO2 sont inférieurs de 95 % à un moteur diesel équivalent.

 Vergèze (Gard), vendredi. Jean Noël le Rios, chauffeur du bus (à dr.), au côté de dirigeants d’Eole Mobilité, la société de transport gardoise qui gère la ligne Vauvert-Vergèze.
Vergèze (Gard), vendredi. Jean Noël le Rios, chauffeur du bus (à dr.), au côté de dirigeants d’Eole Mobilité, la société de transport gardoise qui gère la ligne Vauvert-Vergèze. TopSud News

    Même si la nouvelle ligne d'autocar Vauvert-Vergèze (Gard), lancée par liO, l'agence de transports de la région Occitanie, ne connaît pas encore une fréquentation phénoménale, c'est déjà un succès environnemental. Il s'agit d'un bus qui roule au bioéthanol (Ed95), distillé à Vauvert. « Les rejets de CO2 sont inférieurs de 95 % à un moteur diesel équivalent. L'oxyde d'azote est réduit de 50 % et sa combustion ne produit pas de particules fines. Il faut deux tonnes de marc de raisin pour faire 100 litres d'Ed95 ; C'est de la pure économie circulaire sans transport de la matière finale », s'enthousiasme Franck d'Herbomez, de la distillerie de Vauvert.

    L'établissement appartient au groupe Union des distilleries de Méditerranée (UDM) qui récupère et valorise — engrais, huile de pépins, colorant, alcool de seconde génération — 45 000 t de déchets viticoles chaque année.

    « Cette ligne, c'est un début. L'Occitanie est la première région viticole en France. Et nous disposons d'un réseau de douze distilleries capables d'alimenter à proximité des autocars comme celui de Vauvert. Ce carburant est issu de déchets de la production viticole dans les coopératives. On n'utilise pas de surface agricole pour le produire, comme c'est le cas pour le bioéthanol E85, réservé aux véhicules particuliers », argumente Jean-Luc Gibelin, vice-président à la région en charge des transports.

    « Neuf bus de ce type viennent d'entrer en circulation à La Rochelle et nous attendons de très importants appels d'offres dans le Sud-Ouest portant sur trois cents véhicules. C'est dire qu'il y a aujourd'hui une forte demande », se réjouit Jérôme Buada, le directeur de Résinor, l'entreprise qui fédère 25 distilleries françaises armées pour faire rouler 1 500 véhicules.

    Les usagers réclament le flyer

    « Le bilan économique de l'exploitation de ce type d'autocar est identique aux autres, prévient Patrick Gaillard d'Eole Mobilité, la société de transport gardoise qui gère la ligne Vauvert-Vergèze. Le carburant est moins cher (NDLR : 0,85 € contre 1,20 € le gazole Euro 6), mais le groupe de 280 CV, modifié à partir d'une architecture de moteur à essence, surconsomme par rapport à un diesel. Et le coût d'acquisition du véhicule est plus élevé… » Mais qu'importe la facture, les voyageurs ne boudent pas leur plaisir de « rouler différent ».

    « C'est écolo, dans la tendance actuelle et on a l'impression d'être transporté avec de la fine du Languedoc (eau-de-vie locale). Surtout, celle nouvelle ligne m'arrange bien pour rentrer à Aigues-Mortes », commente Olivier, qui se rend quotidiennement à Vauvert pour le travail. Un entrain confirmé par Jean Noël le Rios, le chauffeur, qui parcourt 180 km chaque jour avec ce nouveau carburant : « Les voyageurs sont intrigués. Ils veulent savoir. Ils réclament le flyer ! »