La pollution s’emballe à Paris, un record en Europe

Après avoir été divisée par quatre pendant le confinement, elle repart en raison d’un retour massif à la voiture. Une dégradation de la qualité de l’air record.

 Depuis le déconfinement, « les gens à Paris ont peur de prendre les transports en commun », et donc se seraient plus reportés sur la voiture. (Illustration)
Depuis le déconfinement, « les gens à Paris ont peur de prendre les transports en commun », et donc se seraient plus reportés sur la voiture. (Illustration) LE PARISIEN/YANN FOREIX

    Si vous pensiez fuir la canicule pour tenter de trouver un brin d'air dans un parc de la capitale, cela ne va pas forcément plaire à vos poumons. La pollution remonte en flèche. Paris est même parmi toutes les autres grandes villes d'Europe, celle où son retour a été le plus brutal, après la levée du confinement, avec un bond de 118 % des concentrations en dioxyde d'azote, un gaz très toxique émis principalement par le trafic routier, comme le montre une étude réalisée par le Centre de recherche sur l'énergie et la qualité de l'air (CREA).

    Selon cet organisme indépendant basé en Finlande, ce chiffre fait même de Paris, la championne d'Europe du rebond de la pollution. Et de loin! Dans toutes les autres métropoles, la dégradation est moins marquée : même dans des villes d'Europe dont l'air est réputé plus viciés comme Bruxelles ou Milan, elle est moins forte (+ 88 % et + 73 %). « C'est tout de même spectaculaire, relève Vincent Bezaguet. On s'attendait certes à une dégradation, mais pas de cette ampleur. C'est pire qu'avant le Covid », note, inquiet, ce coordinateur de « La Rue est à nous », collectif d'associations qui lutte contre le « trop-plein » de véhicules thermiques dans la capitale.

    Il y a quinze jours un premier bilan post-Covid publié par AirPari f, le réseau de surveillance de la qualité de l'air dans la capitale, montrait qu'après trois semaines de déconfinement, la pollution était en train de revenir progressivement à ses niveaux habituels en région parisienne, mais on n'en était encore qu'à 80 % par rapport à la normale.

    La peur des transports en commun

    Alors pourquoi une telle envolée ? Pour Vincent Bezaguet, c'est clairement l'effet Covid qui se poursuit : « Les gens à Paris ont peur de prendre les transports en commun. Ils se méfient. Du coup, il y a un report massif sur d'autres moyens de transports, en premier lieu la voiture, et ce report est apparemment plus marquée que dans les autres grandes villes européennes. »

    En temps normal, ce sont plus de 2 millions de véhicules motorisés qui circulent chaque jour à Paris, qu'il s'agisse de bus, scooters, voitures, camionnettes ou camions… Combien sont-ils en plus à rouler dans la capitale, en raison de la crise sanitaire qui continue ? « Nous n'avons pas de données précises mais ce que l'on sait c'est que tous sont très majoritairement à essence ou diesel et que la pollution qu'ils émettent est considérable », répond Vincent Bezaguet qui, à quelques jours des municipales, attend « de vraies mesures de réduction du trafic la part de tous les candidats ».

    « La crise du Covid a fait bouger les lignes, même si on les pérennise, les nouveaux tracés de pistes cyclables ne suffiront pas. Tout le monde ne peut pas aller au travail à vélo. C'est tout un nouveau maillage de moyens de transport non polluants qu'il faut inventer », insiste-t-il. En attendant, mieux éviter d'enfourcher en ce moment un deux-roues si l'on souffre d'asthme ou d'allergie. AirParif a émis pour ce mercredi un avis d'alerte à l'ozone, un autre polluant qui prospère quand le mercure s'envole et que le niveau de dioxyde d'azote grimpe.