À nouveau poursuivi, le plus gros marchand de sommeil de Grigny 2 relaxé au bénéfice du doute

Dominique F. avait comparu pour avoir hébergé des sans-papiers contre 500 euros par mois, sans bail ni quittance de loyer. Le parquet avait pris de lourdes réquisitions mais n’a pas été suivi par le tribunal.

A Grigny, les marchands de sommeil sont un véritable fléau. Le "Thénardier de Grigny 2" a été condamné à de nombreuses reprises pour ce type de faits. LP/Nolwenn Cosson
A Grigny, les marchands de sommeil sont un véritable fléau. Le "Thénardier de Grigny 2" a été condamné à de nombreuses reprises pour ce type de faits. LP/Nolwenn Cosson

    Déjà condamné dans un important dossier de logements indignes à Grigny 2, Dominique F. a cette fois échappé à une nouvelle sanction. Celui qui est surnommé le « Thénardier de Grigny 2 », où il possède 40 appartements, était poursuivi pour aide au séjour irrégulier d’étrangers en France entre novembre 2020 et septembre 2022, toujours à Grigny.



    Dans ce dossier complexe, le parquet avait requis six mois de prison, aménageable, l’interdiction de gestion en tant que bailleur pendant cinq ans, une interdiction de séjour à Grigny et la confiscation de l’appartement concerné par les poursuites. Mais le tribunal l’a finalement relaxé au bénéfice du doute ce mardi. Une décision dont le parquet va faire appel.

    Entre novembre 2020 et septembre 2022, Dominique F. a hébergé dans une pièce d’un de ses appartements de 111 m2, subdivisé en cinq chambres, un couple de demandeurs d’asile. Il les a logés moyennant la somme de 500 euros par mois, sans contrat de bail ni quittance de loyer. Le couple, sans papiers, est rentré dans l’appartement par le biais d’une connaissance qui quittait le logement en question car il ne payait plus ses loyers. Le couple était venu témoigner à la barre le 11 juin dernier.

    Il a perçu 11 000€ en deux ans

    Le prévenu avait mandaté un huissier pour faire expulser le couple de l’appartement et le 2 septembre 2022, ils avaient effectivement été mis à la rue. Mais dans l’intervalle, ils ont payé un loyer de 500 euros par mois en espèces, soit 11 000 euros sur deux ans, sans recevoir le moindre justificatif de paiement.

    « Toucher 500 euros par mois, ça facilite l’aide au séjour ? Il aide au séjour avec une procédure d’expulsion ? Refuser de faire des reçus, c’est aider à rester dans les lieux ? La question n’est pas de savoir s’il a profité de leur crédulité. C’est de la morale, et on peut en dire bien des choses. Il est dans sa logique. Mercantile ? Sans doute. Mais ce n’est pas la question », l’avait défendu son avocat, Me Thibaut Cayla.